Notre sondage exclusif, réalisé en partenariat avec YouGov France, met en évidence les craintes des Français sur la solidité du secteur financier en France. Un doute qui s'accompagne d'une méconnaissance globale des dispositifs justement conçus pour apporter de la confiance.

Il y a comme un doute. Selon notre sondage exclusif réalisé en partenariat avec YouGov France (1), 54% des Français ont peu ou pas confiance dans la solidité du secteur financier français. Cette défiance est particulièrement sensible au sein de la population féminine (60%), chez les personnes sans emploi (61%) et chez les retraités (59%). A l'inverse, les plus jeunes (46% chez les moins de 34 ans) et les CSP+ (45%) sont un peu moins inquiets sur la capacité du système à encaisser les crises.

Cette défiance concerne également l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l'Autorité des marchés financiers (AMF), les deux « gendarmes » chargés en France de réguler et surveiller le domaine financier : seuls 28% des sondés les considèrent comme efficaces, quand 39% sont sans avis sur le sujet. Leur rapport à ces institutions, chargées pourtant de les protéger comme client et épargnant, est assez distancié. Ils sont, par exemple, seulement 6% à consulter les publications de l'ACPR et de l'AMF, qui sont là pour surveiller les pratiques commerciales du secteur et alerter sur les risques, de fraude en particulier.

Le sondage, il est vrai, a été réalisé dans un contexte particulièrement anxiogène, fin mars 2023, soit au terme d'une séquence de 2 semaines qui a vu la faillite de plusieurs banques états-uniennes, dont la Silicon Valley Bank, suivie d'un début de panique boursière sur les valeurs bancaires et du sauvetage de Credit Suisse par sa concurrente UBS, avant un retour au calme.

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Les raisons de ce manque de confiance sont évidemment protéiformes. Au-delà de la récente tempête boursière, la forte inflation, la hausse des taux des crédits, les discours alarmistes sur l'état des finances publique justifiant le recul à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite créent un climat d'incertitudes.

Mais un autre argument permet de comprendre cette défiance : la méconnaissance des Français sur les mécanismes et les institutions conçues pour protéger leur argent.

Seule l'épargne réglementée rassure

Un exemple : seules 27% des personnes interrogées savent que les sommes déposées sur leur assurance vie sont couvertes par un dispositif de garantie en cas de faillite de l'assureur, à hauteur de 70 000 euros. Le Fonds de garantie des assurances de personnes (FGAP), il faut dire, fait peu de publicité de son action, moins en tout cas que son homologue dans le domaine bancaire, le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR).

Le message passe mieux, en revanche, pour l'épargne réglementée : près de 2 Français sur 3 disent savoir que les sommes placées sur leur Livret A, leur LDDS ou leur LEP sont intégralement garanties, par l'Etat, contre un défaut de leur banque.

Un manque d'éducation financière

Plus inquiétant, les Français ne semblent pas toujours armés pour faire des choix éclairés. Faute, sans doute, d'efforts suffisants en matière d'informations et d'éducation financière.

51% d'entre eux ne font pas la différence entre un établissement de crédit, soit une banque à part entière autorisée à tenir des comptes, rémunérer des dépôts et distribuer des crédits, et un établissement de paiement, dont l'activité est limitée à la tenue des comptes et à l'émission de cartes bancaires. En cas de faillite, pourtant, la donne n'est pas la même. Les premières sont couvertes par un mécanisme de garantie, à hauteur de 100 000 euros par banque, qui leur permettra de récupérer leur argent en 7 jours ouvrables. Les seconds, non. Résultat : en cas de faillite, l'indemnisation serait plus incertaine et, surtout, plus longue.

Cette méconnaissance des dispositifs destinés à les protéger transparaît ailleurs. Les sondés sont, en effet, 51% à considérer que déposer de l'argent dans une banque en ligne ou une néobanque est plus risqué que dans une banque disposant d'un réseau d'agences physiques. Du point de vue de la sécurité de leur argent, il n'y a, pourtant, aucune différence : toutes sont des établissements de crédit, couverts par le même mécanisme de garanties des dépôts.

(1) Enquête réalisée sur 1 005 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Sondage effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France, du 29 au 30 mars 2023.

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