Malgré la pression des banques australiennes coalisées, Apple refuse toujours d’ouvrir l’antenne NFC de son iPhone, actuellement réservée à Apple Pay, à d’autres services de paiement mobile. Son argument ? La sécurité.

Depuis 2014, tous les nouveaux iPhones sont équipés d’antennes NFC (pour Near Field Communication). C’est sur ce composant, qui permet l’échange d’informations avec les terminaux compatibles en points de vente, que s’appuie Apple Pay, le service de paiement de la Pomme. Il est même dévolu à cet unique usage, aucune application ni aucun autre service de paiement n’étant autorisés à l’utiliser.

Ce n’est pas une première pour Apple, qui a l’habitude de réserver certaines technologies à ses propres applications. C’était aussi le cas, à son lancement en 2013, de Touch ID, le capteur d’empreintes digitales embarqué sur l’iPhone, avant la Pomme ne l’ouvre en 2014 à tous les développeurs. Certaines banques - Société Générale, HSBC, ING Direct, Boursorama notamment - se sont d’ailleurs emparées de l’outil depuis, pour sécuriser leurs applications.

Les banques australiennes se rebellent

Las, rien de tel dans l’immédiat pour le NFC. Et la révolte gronde. En Australie, où Apple Pay est disponible depuis le mois d’avril dans une unique banque, ANZ, trois autres enseignes - Commonwealth Bank of Australia, National Australia Bank et Westpac Banking Corp - ont récemment demandé à l’Autorité de la concurrence locale l’autorisation de négocier collectivement avec Apple pour obtenir un tarif préférentiel sur les transactions Apple Pay (1), voire un accès direct à l’antenne NFC.

L’initiative a reçu une fin de non-recevoir de la part de l’Autorité de la concurrence australienne. Elle a également suscité une réaction d’Apple. Dans une réponse adressée à l’Autorité et reprise par la Financial Review, la Pomme commence par critiquer l’initiative, qualifiée de « cartel ». Elle pointe aussi un risque de sécurité : « Permettre aux applications bancaires d’accéder simplement à l’antenne NFC diminuerait radicalement le haut niveau de sécurité qu’Apple vise pour nos appareils ».

Ce refus, évidemment, permet aussi de contraindre les banques qui veulent faire affaire sur iPhone de lui rétrocéder une partie de leurs revenus. Un modèle que la société applique également pour la musique, les films ou les applications vendus sur sa plateforme iTunes.

Le cas Orange Cash en France

En France, la situation est assez proche de ce qui se passe en Australie. Lancé en juillet, Apple Pay ne fonctionne actuellement qu’avec les cartes bancaires de la Caisse d’Epargne, de la Banque Populaire et de Carrefour Banque. Mises sous pression par leurs clients, qui souhaitent également utiliser le service, d’autres enseignes (la Banque Postale, le Crédit Agricole, HSBC notamment) devraient prochainement les rejoindre. Mais aucune initiative groupée n’a émergé.

La seule voix en France à s’être élevée contre le verrouillage de l’antenne NFC de l’iPhone est celle d’Orange. L’opérateur téléphonique souhaite en effet proposer Orange Cash, son service de paiement mobile aujourd’hui réservé aux mobiles Android, sur iPhone. Son PDG, Stéphane Richard, avait contacté Tim Cook en ce sens. Sans succès. Orange a fini par se résoudre à proposer prochainement Orange Cash à ces clients équipés d’iPhones … via Apple Pay, comme annoncé sur son site internet.

Annonce Apple Pay sur le site d'Orange Cash
Annonce Apple Pay sur le site web d'Orange Cash

(1) Apple prélève une commission fixe à chaque paiement effectué avec Apple Pay, qui vient réduire d’autant la marge de la banque. Cette commission, confidentielle, est négociée avec chaque enseigne.