Selon une étude du cabinet Sia Conseil, les fonds propres requis pour la couverture du risque de marché dans les banques de financement et d'investissement (BFI) seront multipliés par 4 avec la réforme réglementaire dite « Bâle III »

La réglementation définie par la Comité de Bâle et qui sera mise en oeuvre progressivement jusqu'en 2019 renforce la prise en compte des risques de marché et les encadre en exigeant davantage de fonds propres pour les couvrir. Selon Sia Conseil, elle induit un « triple effet pénalisant » pour les BFI : une évaluation plus exigeante et contraignante des risques, une restriction des capitaux éligibles et des ratios exigés plus importants. Le cabinet de conseil estime en conséquence que « la hausse des fonds propres requis serait comprise entre +300% et +400% à périmètre constant d'activité ».

« Chaque banque doit se réinventer »

Problème, selon le cabinet : « Dans le contexte financier actuel, les banques peuvent difficilement multiplier leurs fonds propres par 3 ou 4. La réforme réglementaire Bâle III implique donc une revue du business model, notamment au sein des activités de marché et la mise en oeuvre de nouvelles stratégies opérationnelles afin de converger le plus rapidement possible vers un nouvel équilibre entre risques et rentabilité ». Sia Conseil constate notamment « une très forte augmentation des fonds propres requis par opération unitaire de marché », avec un facteur multiplicateur compris allant de 4 à 11.

Les BFI sont aujourd'hui « à la croisée des chemins », conclut l'étude, avec derrière elles des profits records basés en grande partie sur la prise de risque et devant elles, une nouvelle ère où « chaque banque doit se réinventer ». Au total, Sia Conseil estime à 960 millions d'euros le coût total de mise en oeuvre de la réforme Bâle III pour le marché français.

Voilures réduites

De nombreux établissements bancaires dans le monde ont déjà annoncé des réductions de voilure dans leur BFI, accompagnées de suppressions de postes, avec un accent mis sur les activités de marché particulièrement pénalisées par Bâle III. Société Générale a annoncé la supression de plus de 1.500 postes dans sa filiale de financement et d'investissement SG CIB, dont 880 en France. BNP Paribas prévoit d'en supprimer 1.400 postes dans sa BFI, dont 373 en France tandis que Crédit Agricole va supprimer 2.350 postes, dont 850 en France. Pour Natixis, filiale de BPCE, les supressions de poste s'élèveront à 277 au total, dont 127 dans l'Hexagone.