Le taux du Livret A revu à la hausse, entraînant dans son sillage le LEP et le LDDS. Une pincée – obligatoire – de fonds solidaires dans le monde de l'assurance vie. Et des frais bientôt plus transparents sur le Plan d'épargne retraite. Voici 3 nouveautés attendues pour 2022 au rayon épargne.

La bascule de flat tax, c'était le 1er janvier 2018. Le lancement en grande pompe du Plan d'épargne retraite, c'était le 1er octobre 2019. Fin de quinquennat oblige, au rayon placements, le cap de janvier 2022 n'est pas synonyme de lancement révolutionnaire ou de big bang fiscal. Il n'empêche : le retour de l'inflation et la poursuite de la mise en œuvre de la loi Pacte promettent tout de même 3 changements notables.

1 – Livret A : petit ou gros rebond ?

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire en a pris l'engagement : « Le taux du Livret A augmentera » début 2022, ou plus exactement au 1er février 2022, comme le veut la formule de calcul qui repose notamment sur l'inflation. Or cette dernière grimpe à 2,8% sur les douze derniers mois, à fin décembre, selon les données provisoires de l'Insee. Cependant, le taux ne va pas grimper au rythme de la hausse des prix : la formule de calcul lisse les fluctuations de l'inflation en retenant une moyenne sur 6 mois, et surtout elle repose aussi sur le taux interbancaire €ster, qui stationne lui depuis de longs mois en-dessous de -0,55%. Résultat, cette formule de calcul devrait conduire selon toute vraisemblance à un taux de 0,80%, lequel devrait entrer en vigueur au 1er février. Fin du suspense à la mi-janvier, une fois que l'Insee aura publié les chiffres définitifs arrêtés à la fin décembre 2021.

Le suspense demeure toutefois sur l'application à la lettre ou non de cette formule de calcul : suite à la recommandation de la Banque de France concernant le taux du Livret A, sur la base de cette formule de calcul, Bercy garde la main pour bonifier (jusqu'à 1% ?) ou limiter (à 0,60% par exemple ?) cette revalorisation du taux du Livret A.

Taux du Livret A : 3 scénarios pour une hausse

Le taux du Livret de développement durable et solidaire (LDDS), calqué sur celui du Livret A, suivra mécaniquement. Et celui du Livret d'épargne populaire (LEP) a lui de grandes chances de décoller bien plus nettement que ces deux « cousins ». Réservé aux ménages modestes - peu ou pas imposés – le LEP est, depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle formule de calcul des taux de l'épargne réglementée en février dernier, le seul à avoir pour vocation de protéger les épargnants de la hausse des prix. La moyenne semestrielle de l'inflation fait dans son cas office de plancher. Or cette moyenne semestrielle sera probablement autour de 2,10% mi-janvier au moment de la révision de ces taux. Le LEP affichera alors un taux net d'impôt défiant toute concurrence.

Voici le seul livret qui vous protègera de l'inflation en 2022

2 – Assurance vie : une pincée de fonds verts et solidaires

La loi Pacte n'a pas révolutionné le monde de l'assurance vie. Mais elle le fait tout de même évoluer progressivement. Première étape : depuis le 1er janvier 2020, tout contrat d'assurance vie multisupports doit obligatoirement intégrer un support en unité de compte (UC) parmi les trois catégories suivantes : un fonds solidaire (la plupart sont labellisés Fair, ex-Finansol), un fonds « vert » excluant le nucléaire et les énergies fossiles (label Greenfin) ou un fonds ISR (investissement socialement responsable).

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Deuxième étape, depuis le 1er janvier 2022 : tout contrat d'assurance vie proposant des supports en UC (sans garantie en capital, à la différence du fonds en euros) doit nécessairement inclure au moins un fonds de chacune de ces trois catégories : donc obligatoirement un fonds solidaire, un fonds ISR et un fonds « vert ».

Cette obligation de référencement d'UC vertes et solidaires va désormais de pair avec une obligation de transparence à ce sujet : « A compter du 1er janvier 2022, la proportion d'unités de compte [responsables, vertes et solidaires] est communiquée aux souscripteurs avant la conclusion de ou l'adhésion à ces contrats », dispose la loi Pacte. Et les assurés seront informés chaque année des montants transitant sur les fonds labellisés du contrat.

Le label ISR, chapeauté par Bercy, salue d'avance un « coup d'accélérateur bienvenu dans la mutation de l'épargne vers des contrats plus verts », sans anticiper une quelconque révolution : « dans les faits de nombreux opérateurs avaient déjà anticipé la tendance depuis plusieurs années en incluant dans leurs contrats d'assurance vie des unités de compte labellisées ISR ».

Quels rendements espérer avec ces fonds solidaires, ISR ou Greenfin ? Dans un autre univers des placements, l'épargne salariale, ou l'ISR est de longue date une composante obligatoire, les fonds ISR n'ont pas à rougir face à la concurrence, comme le montre l'étude réalisée par Quantalys et MoneyVox (voir l'article ci-dessous).

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3 – PER : enfin la lumière sur les multiples frais ?

« Le PER est un des piliers de la loi Pacte, qui est elle-même l'un des piliers du quinquennat. » Quand le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, parle du Plan d'épargne retraite, il ne fait pas dans la nuance. Sur l'ambition, donc, mais aussi sur le bilan : « Le résultat est au-delà de toutes nos espérances. Aujourd'hui près de 4 millions de Français ont un PER », lançait-il le 30 septembre lors d'une conférence téléphonique en additionnant PER ouverts individuellement ou via l'épargne salariale. « 3,8 millions très exactement, ce qui doit nous permettre d'atteindre les 4 millions d'ici le début d'année prochaine. »

Il ne mâche pas ses mots non plus sur la tarification réclamée aux épargnants par les banques, assureurs et autres gestionnaires : « Je considère que les acteurs du marché prélèvent trop de frais. » Pour dresser ce constat, Bruno Le Maire s'appuie sur le rapport dressé par la présidente du Comité consultatif du secteur financier (CCSF), Corinne Dromer, qui pointe le (très) grand écart des frais d'un acteur à un autre.

Le grand écart des frais des PER
Minimum Maximum
Frais sur versement 0%5% sur chaque versement
Frais d'adhésion (à l'ouverture)0 €30 €
Frais de gestion sur le fonds en euros0,60% par an2% par an
Frais de gestion sur les supports en UC0,50% par an1% par an
Frais d’arbitrage 0% 5% du montant arbitré
Changement de mode de gestion 0% 1%
Frais sur les arrérages de rente 0% 3%
Frais de transfert 0% 1% des sommes transférées

Source : CCSF. Panel de 34 PER individuels « assurance ».

Plan épargne retraite : les frais qu'il faut réussir à comparer

Mesure prioritaire de Bercy pour modérer la facturation des assureurs trop gourmands : « accroître la comparabilité des offres ». Le cabinet du locataire de Bercy confiait fin septembre à la presse avoir retenu la piste suivante, suggérée par la présidente du CCSF, pour favoriser la comparabilité des plans : « Une colonne supplémentaire présentant un cumul des frais de gestion (contrat + support) pourrait être ajoutée au tableau des frais figurant dans l'annexe financière. »

Le cabinet ministériel a confirmé fin 2021 à MoneyVox que cette piste est toujours sur la table. Et Bercy formalisera mi-janvier les évolutions actées sur les frais des PER. Cette transparence sur les frais globaux facturés par les gestionnaires de PER devrait passer par un engagement de la profession.

Le comparatif des PER individuels à frais réduits