Les Français ont déboursé l’an dernier près de 59 milliards d’euros pour assurer leur voiture, leur logement ou encore leurs biens professionnels, un montant en hausse de 4% sur un an. Certains contrats sont très rentables pour les assureurs, tandis que d’autres, considérés comme des produits d’appel, sont commercialisés à perte.

8 milliards d’euros de bénéfices en 2019 pour Allianz, 4 milliards pour AXA, près de 3 milliards pour Generali ou encore 1,4 milliard pour CNP Assurances et 144 millions d’euros pour la Macif… L’assurance, ça rapporte, bien que les professionnels s’inquiètent de la multiplication des catastrophes climatiques et des sommes conséquentes qu’ils doivent débloquer pour indemniser les sinistrés.

Hausse de 4% des cotisations en 2019

A l’origine de ces bénéfices, se trouvent les cotisations payées par les assurés. Ainsi, s’agissant des assurances de biens (auto, moto, logement, biens professionnels…) et de responsabilité civile – une branche surnommée IARD pour « Incendie, Accidents et Risques Divers » – les cotisations des assurés se sont élevées à 58,6 milliards d’euros en 2019, d’après les données de la Fédération française de l’assurance (FFA), dont les adhérents représentent 99% du marché. Ce chiffre d’affaires annuel est en progression de 4,2% par rapport à 2018.

Mais, selon les types de contrat, « cette évolution masque des croissances contrastées », souligne la FFA. Alors que la progression des cotisations sur l’assurance transport et de crédit-caution dépasse 11%, celles prélevées au titre de l’assurance habitation et plus généralement des biens des particuliers a augmenté de seulement 4,3% en 2019, à 11,3 milliards d’euros. Les sommes déboursées pour assurer des véhicules n’ont quant à elle progressé que de 3,1%, à 22,8 milliards d’euros.

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Les assureurs perdent de l’argent sur l’assurance auto

Avec environ 40% des cotisations, l’assurance auto demeure toutefois la principale source de chiffre d’affaires des assureurs IARD. Mais chiffre d’affaires ne signifie pas bénéfice… Parce que les 40 millions d’automobilistes sont obligés d’assurer, au moins au tiers, leur véhicule, le montant total des versements des assurés est en effet élevé. Mais ces cotisations ne compensent pas les prestations reversées par les assureurs pour indemniser les sinistrés. « Les résultats techniques de l’assurance automobile sont depuis de nombreuses années négatifs », confirme en effet la FFA.

Techniquement, ce déficit de l’assurance auto s’observe au travers de ce que les assureurs appellent le ratio combiné qui sert à mesurer le degré de rentabilité d’un produit d’assurance. Si celui-ci dépasse 100, cela signifie que l’indemnisation et les coûts de gestion sont supérieurs aux recettes perçues par les assureurs, c’est-à-dire aux primes d’assurance payées par les assurés. En assurance auto, ce ratio était ainsi de 102 en 2019, contre 100 en 2018. Il a même grimpé à 105,4 en 2016.

Ces mauvais chiffres en assurance auto proviennent notamment de la montée en gamme des voitures. « Via les incitations et primes d’Etat, le parc automobile est de plus en plus récent et composé de véhicules plus onéreux à couvrir que par le passé », nous explique Fabien Soccio, porte-parole du comparateur Meilleure Assurance. Le prix d’achat moyen d’une voiture neuve de gabarit standard dépasse désormais 25 000 euros, selon les estimations de L’Argus, contre 18 000 euros au tournant de l’an 2000. « Les véhicules en tant que tels, mais aussi les pièces détachées, la peinture, l’électronique et la main d’œuvre coûtent de plus en plus cher. En cas d’accident, la facture chez le garagiste est de fait plus onéreuse », ajoute Fabien Soccio.

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Un produit d’appel pour l’assurance habitation

Plus chères, les voitures d’aujourd’hui sont aussi plus sûres. Résultat, « il y a moins de morts sur les routes, ce qui est une excellente chose évidemment. Mais, en revanche, il y a davantage d’accidents corporels, de blessés, ce qui est particulièrement coûteux pour les assureurs en frais d’hospitalisation et en indemnités, qui peuvent représenter des centaines de milliers d’euros en cas de blessures graves et invalidantes », poursuit le porte-parole de Meilleure Assurance.

Or, de l’autre côté, la pression concurrentielle apportée par la Loi Hamon en 2015 et surtout par l’arrivée d’assureurs en ligne, aux frais de fonctionnement plus faibles et donc à la tarification compétitive, empêche les assureurs de répercuter l’intégralité de la hausse des coûts d’assurance dans les primes des assurés.

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Produit grand public oblige, les assureurs peuvent toutefois difficilement faire l’impasse sur l’assurance auto qui devient pour eux un produit d’appel. C’est-à-dire la porte d’entrée de la relation commerciale avec un assuré qui leur permet par la suite de lui présenter d’autres produits comme une assurance habitation, un contrat responsabilité civile ou encore une protection juridique. Illustration avec l’assurance habitation dont le nombre de contrats a progressé de 2,1% en 2019 et le ratio combiné – le fameux indicateur de rentabilité présenté quelques lignes plus haut - s’est lui aussi amélioré. Il est passé de 98,5 en 2018 à 96,4 en 2019.

Sur les segments des professionnels, l’assurance transport (avec un ratio combiné de 90,7) et l’assurance construction (91) ont été également particulièrement rentables pour les assureurs en 2019.

Le gouffre des catastrophes naturelles

En revanche, les catastrophes naturelles représentent une perte sèche pour les compagnies, avec un ratio combiné qui a bondi à près de 124 en 2019, contre 107 en 2018. « La récurrence, depuis l’exercice 2015, d’épisodes de forte sécheresse dont le coût pour les assureurs dépassent annuellement les 600 millions d’euros fait progresser fortement la charge des sinistres. Les inondations sont également légion et viennent peser sur l’équilibre technique de la branche. De ce fait, la charge des prestations 2019 de la branche catastrophe naturelle s’établit à 2,2 milliards d’euros (après 1,5 milliard d’euros en 2018) », commente la FFA.