Depuis le 1er janvier 2022, toutes les assurances vie multisupports doivent comporter au moins un fonds solidaire, un fonds ISR et un fonds Greenfin. Ce type de placements séduit de plus en plus les investisseurs qui souhaitent donner un sens à leur épargne. Mais comment choisir ces fonds et actions se présentant comme verts et éthiques ? Comment les reconnaître et sur quels critères s'appuyer ?

Une pointe d'écologie ou de solidarité dans le maquis des multiples fonds en unités de compte (UC) de l'assurance vie et des plans d'épargne retraite (PER). Depuis le début de l'année 2022, tous les nouveaux contrats d'assurance vie multisupports ainsi que les PER doivent proposer à la fois un fonds ISR, un fonds solidaire investi à hauteur de 10% dans l'économie non marchande et un fonds Greenfin.

Au-delà de l'obligation de référencement de ces fonds pour les assureurs, ces fonds et placements séduisent de plus en plus d'épargnants. Si ces UC se développent, « ce n'est pas parce que c'est une obligation », mais parce qu'elles « rencontrent un besoin sociétal » à en croire la fédération France Assureurs qui s'exprimait récemment sur le sujet à l'occasion de la présentation de son bilan annuel. A ses yeux, il s'agit « d'une demande des assurés, en recherche de sens pour leur épargne ». Au total, 123,9 milliards d'euros ont été investis en 2021 sur des unités de compte labellisées soit ISR (label d'Etat pour l'investissement socialement responsable), soit Greenfin (label d'Etat pour les produits dédiés à la finance « verte »), soit Finansol (label dédié à la finance solidaire).

Vous avez un contrat d'assurance vie ou un PER ? Vous aimeriez sélectionner des fonds éthiques ou à vocation écologique, en vous reposant sur ces nouveaux étiquetages ? Tour d'horizon des critères qui peuvent vous aider à choisir.

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1. Label ISR : des fonds « éthiques » généralistes

Vous voulez investir de façon « responsable » sans avoir une idée précise des causes que vous voulez soutenir ? Les fonds labellisés ISR (investissement socialement responsable) permettent de distinguer des fonds plus « éthiques » que la moyenne. L'ISR est un label public, officiel, mais le cahier des charges est relativement large. Les fonds ISR sont donc moins ciblés sur le solidaire que Finansol ou moins verts que Greenfin.

« Le label ne définit pas dans quel type d'entreprises il faut investir, mais il s'assure que les fonds sélectionnent parmi les entreprises les plus vertueuses », explique Pierre Chabrol, chef du bureau épargne et marchés financiers à la direction générale du Trésor et porte-parole du label ISR, dans une interview accordée à Moneyvox. « C'est ce que l'on appelle le principe du best in class. Dans chaque catégorie d'entreprises, les sociétés de gestion écartent 20% des entreprises les moins bien performantes du point de vue de l'ESG [pour Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance, voir l'encadré ci-dessous, NDLR]. »

L'ESG, comment ça marche ?

Les critères extra-financiers, ce sont tous les critères permettant d'évaluer un acteur économique en dehors des critères financiers habituels (rentabilité, prix de l'action, perspectives de croissance, etc). Parmi eux, il y a les critères ESG. Ils sont censés permettre d'évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux éthiques dans les entreprises : émissions de CO2, la consommation d'électricité et le recyclage des déchets pour le E ; la qualité du dialogue social, l'emploi des personnes handicapées, la formation des salariés pour le S ; la transparence de la rémunération des dirigeants, la lutte contre la corruption, la féminisation des conseils d'administration pour le G.

« Les labels sont des indicateurs mais ce n'est pas suffisant »

« Les labels sont des indicateurs mais ce n'est pas suffisant. Ils répondent à des critères bien précis mais l'épargnant a tout intérêt à aller plus loin et notamment se concentrer sur les listes d'exclusion », tempère Joseph Choueifaty, cofondateur de Goodvest.

En se procurant la fiche d'informations d'un fonds labellisé ISR, l'épargnant peut consulter ses listes d'exclusion. Il en existe plusieurs. Le plus souvent, il s'agit d'exclusions sectorielles et normatives qui éjectent donc les entreprises ayant un comportement néfaste pour l'environnement ou l'être humain. Pour l'exclusion sectorielle, les secteurs concernées sont généralement l'alcool, le tabac, l'armement, le nucléaire et l'exploitation des énergies fossiles. L'exclusion normative se base plutôt sur des normes internationales.

Exemple. Prenons le fonds labellisé FEDERIS CREDIT ISR MH géré par La Banque Postale Asset Management. Il exclue les secteurs du charbon, des jeux d'argent, de tabac et de la biodiversité /déforestation. Côté exclusion normative, ce fonds écarte « des émetteurs soupçonnés de violation grave et/ou répétée des principes du Pacte mondial ou des principes directeurs de l'OCDE à l'intention des multinationales ».

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Le label ISR pourrait bientôt évoluer. Le comité du label est en train de finaliser les nouvelles règles de certification pour les présenter avant l'été au futur ministre de l'Economie. « Nous voulons clarifier les types de fonds et classes d'actifs éligibles ou pas, qu'il s'agisse d'actifs cotés ou non cotés, des produits dérivés, des fonds indiciels ou monétaire. Nous réfléchissons à un label à niveaux, éventuellement avec des déclinaisons thématiques sur le climat, l'emploi ou la santé », a indiqué aux Echos Michèle Pappalardo, présidente du comité.

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2. Fonds solidaires : Finansol, un label historique

Le mieux est de « choisir » entre des placements environnement ou solidaire, juge Olivier Rull, cofondateur de Caravel, plateforme spécialisée sur la retraite complémentaire : « Si l'épargnant préfère s'orienter vers le solidaire, il peut se tourner vers les fonds labellisés Finansol. C'est une vraie direction d'investissement ».

Précision d'importance : si les assureurs sont contraints par la réglementation de référencer un fonds ISR et un fonds Greenfin, le texte ne mentionne pas Finansol pour les fonds solidaires. Mais le label Finansol est une institution dans le milieu financier. Il s'appuie sur deux critères majeurs : la transparence et la solidarité. Ainsi, en choisissant un fonds Finansol, votre investissement soutient en théorie l'accès à l'emploi, au logement pour les personnes en difficulté ou encore le développement d'activités écologiques (agriculture biologique, énergies renouvelables).

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3. Label vert : Greenfin, pour la transition écologique

Enfin, si vous souhaitez vous concentrer sur l'environnement, il sera plus judicieux de vous tourner vers les fonds labellisés Greenfin. « Le label Greenfin vise très spécifiquement à orienter les investissements vers des entreprises œuvrant pour la transition écologique. C'est probablement plus facile à comprendre : la notion d'impact est plus évidente », explique Pierre Chabrol, porte-parole du label ISR. Les fonds labellisés Greenfin excluent d'office les secteurs des énergies fossiles et du nucléaire.

Pour aller plus loin, Joseph Choueifaty conseille notamment de s'intéresser à « la température du portefeuille », qui correspond aux émissions de gaz à effet de serre directes et celles liées à l'énergie des entreprises. L'Accord de Paris vise effectivement à « rendre les flux financiers compatibles avec un faible niveau d'émission de gaz à effet de serre » afin de limiter un réchauffement global de la planète à moins de 2°C.

Or, selon une étude publiée en octobre l'année dernière par l'association internationale spécialisée dans la collecte des données d'émissions de gaz à effet de serre des entreprises, Carbon Disclosure Project (CDP), 8 000 fonds (sur 16 500 analysés), représentant 62% des actifs, « dérapent avec des investissements qui emmènent vers une hausse des températures supérieure à 2,75 degrés ». Ces informations ne sont pas toujours faciles à obtenir auprès de votre assureur.

Goodvest, quant à elle, propose « la première assurance-vie compatible avec l'Accord de Paris ». Elle s'est engagée à procéder à une étude carbone des entreprises présentes dans ses fonds afin de ne garder que celles ayant « une trajectoire estimée de maximum 2°C de réchauffement climatique ». Pour cela, elle exclue des secteurs comme le charbon et le pétrole.

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Mais les fonds éthiques et responsables, c'est rentable ?

Côté rentabilité, selon Joseph Choueifaty, « ces fonds labellisés ont un impact positif et ont offert une belle performance en 2021 et 2020. Et ces entreprises de demain vont continuer de superformer dans les années à venir ».

Un avis partagé par Olivier Rull : « Il y a bien eu une surperformance de ce type de fonds pour ceux qui concernent les énergies renouvelables. Même s'il s'agit de surperformances conjoncturelles, nous sommes convaincus que ce type de placements offrira d'excellentes performances sur le long terme, car il s'agit d'un secteur d'avenir clé de notre économie ».

Exemples

Le fonds ISR géré par la Banque Postale FEDERIS CREDIT ISR MH, évoqué plus haut, a lui enregistré une performance annualisée sur les trois dernières années de 9,67%. Autre exemple, la performance sur 3 ans du fonds Morgan Stanley Investment Funds, géré par MSIM Fund Management, qui atteint 7,60%.

De belles performances qui n'égalent cependant pas celles de certains fonds spécifiquement orientés vers la transition écologique ou les énergies renouvelables. Parmi les fonds labellisés Greenfin et ISR, nous prendrons pour exemple le fonds HSBC RIF Europe Equity Green Transition qui a enregistré une performance de 14,76% en 2021 et 19,97% l'année précédente.

Comme pour tous les investissements en unités de compte et donc plus risqués, vous avez la possibilité d'opter pour une gestion pilotée et ainsi profiter de l'expertise des professionnels pour vous guider. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à demander conseil à votre assureur. « Ces fonds responsables sont accessibles dans presque tous les contrats. Il n'est donc pas nécessaire de changer de contrat », ajoute Olivier Rull.

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