Rien d'officiel à ce jour mais le groupe d'experts sur le Smic a rendu son rapport annuel, lequel est le plus souvent pour les revalorisations annuelles. Verdict : actuellement à 1 383 euros, le Smic net pour un temps plein augmenterait d'environ 23 euros à environ 1 406 euros.

La revalorisation automatique du salaire minimum en France au 1er janvier 2024 devrait être de l'ordre de 1,7%, selon le rapport annuel d'un groupe d'experts sur le Smic publié jeudi 30 novembre, qui recommande comme l'an passé au gouvernement de s'abstenir de tout « coup de pouce ». Actuellement à 1 383 euros, le Smic net pour un temps plein augmenterait d'environ 23 euros à environ 1 406 euros.

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Pas de coup de pouce en vue

« Le groupe d'experts recommande de s'abstenir de tout coup de pouce sur le Smic au 1er janvier 2024. Les seuls mécanismes de revalorisation automatique préservent le pouvoir d'achat du Smic au regard de la hausse de l'indice des prix à la consommation », assurent les experts. « Pas de coup de pouce, parce que ce n'est pas efficace pour lutter contre la pauvreté, parce que ça pourrait augmenter la pauvreté avec des effets sur l'emploi des personnes fragiles », a déclaré à l'AFP le président du groupe d'experts, l'économiste Gilbert Cette (professeur à NEOMA Business School).

« Les hausses de salaire minimum légal en France sont peu efficaces pour réduire la pauvreté laborieuse dont les principaux facteurs sont un faible nombre d'heures travaillées et la configuration familiale », argumentent les experts à propos des personnes exerçant une activité à temps partiel et des familles monoparentales.

« Sur trois années, du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2023, le Smic aura été revalorisé à sept reprises pour un total de 13,5% », ajoute le rapport, pour justifier sa recommandation. Le Smic bénéficie chaque année d'une hausse mécanique, calculée selon deux critères : l'inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE).

3,1 millions de salariés, payés au Smic, contre 2,5 millions l'année passée

« Ce sont 3,1 millions de salariés qui sont payés au Smic alors que c'était 2,5 millions l'année dernière », relève de son côté secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, ajoutant que cette « augmentation fulgurante démontre le tassement des rémunérations ».

« Un relèvement supplémentaire du Smic contribuerait par ailleurs à tasser davantage l'éventail des salaires au niveau du Smic », avertissent encore les experts alors que le pourcentage de salariés directement concernés par la revalorisation du Smic au 1er janvier est passé de 12% en 2021 à 17,3% en 2023. Le président du groupe d'experts, Gilbert Cette, ajoute lui que les exonérations de charges sur les bas salaires contribuent aussi à ce tassement, relevant qu'une augmentation de 100 euros d'un salarié au Smic coûte 483 euros à l'employeur.

Comme dans leur rapport 2022, les experts recommandent enfin de réformer le système en modifiant les règles d'indexation. Parmi leurs propositions figure une indexation automatique sur la moyenne des évolutions des minima salariaux d'un panel de branches, selon le modèle néerlandais ou allemand. Des propositions qualifiées de « chiffon rouge » et de « véritable provocation » par la secrétaire générale de la CGT. « La seule chose qui protège les salariés en France c'est le Smic, argue Sophie Binet. Il n'augmente pas assez mais heureusement qu'il est là parce que les autres salaires augmentent encore beaucoup moins. »

Une seule revalorisation automatique en 2023

Contrairement à l'année 2022, caractérisée par l'envolée constante de l'inflation, le Smic n'aura pas connu deux revalorisations automatiques en 2023. Une seule, au printemps dernier. Selon la règle actuelle, le Smic progresse dès que l'Insee mesure une hausse des prix supérieure à 2% pour les plus bas revenus. L'indicateur est resté en-dessous de cette barre avec le ralentissement de l'inflation fin 2023. La hausse annoncée à 1,7% pour le 1er janvier reste d'ailleurs inférieure à ce seuil de 2%.

L'officialisation interviendra par arrêté. Le gouvernement devrait se prononcer sur la recommandation du groupe d'experts dans le courant du mois de décembre