Mois après mois, les dépôts des particuliers sur leur compte courant recule, mais le montant global reste toujours très élevé : plus de 500 milliards d'euros. En moyenne, chaque ménage possède encore un peu moins de 17 00 euros sur son compte courant. Une somme colossale !

Les Français puisent de plus en plus dans leurs comptes courants. Au premier trimestre, ils ont pioché 18,2 milliards d'euros sur leurs comptes à vue et dans leurs réserves qu'ils conservent à la maison sous forme d'argent liquide, ce qu'on appelle le numéraire, selon le dernier relevé trimestriel de la Banque de France.

Toujours d'après les chiffres publiés ce jeudi par la Banque de France, les particuliers conservent encore près de 509 milliards d'euros sur leurs comptes courants. C'est 35 milliards d'euros de moins que le record de juillet dernier.

Cela représentait alors une moyenne de 18 430 euros sur les comptes courants des près de 30 millions de ménages français, contre moins de 7 000 euros il y a une quinzaine d'années. Désormais, les foyers possèdent en moyenne un peu moins de 17 000 euros sur leur compte courant. Une moyenne qui bien entendu cache d'énormes disparités, et qui s'entend bien par ménage, un couple par exemple pouvant posséder plusieurs comptes courants (individuels, joint, compte enfant, etc.).

Comptes courants des ménages en France

Phénomène de surépargne

Ces montants très élevés sont liés à la surépargne accumulée pendant la crise sanitaire. « Les ménages français maintiennent un important effort d'épargne depuis plus de 3 ans. En 2022, ils ont mis de côté, selon la Banque de France, 158,7 milliards d'euros soit un niveau équivalent à celui de 2021 (161,1 milliards d'euros) », souligne l'économiste Philippe Crevel. « Ce flux est inférieur à celui de 2020, année marquée par les confinements (202,1 milliards d'euros). Il reste néanmoins nettement supérieur à son niveau d'avant la crise sanitaire (101 milliards d'euros sur la période 2015/2019). »

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Mais désormais, la décollecte sur les comptes courants s'amplifie. Plusieurs explications à cela. Une partie certaine des ménages touchent à ses économies pour palier à la hausse du coût de la vie.

« Poursuite du mouvement d'arbitrage » des comptes courants vers les livrets d'épargne

Mais au-delà, il s'agit aussi d'une stratégie d'arbitrage de la part des particuliers qui déplacent une partie des liquidités accumulés sur leur compte courant non rémunéré vers les livrets d'épargne réglementée comme le Livret A ou le LEP, dont le taux est respectivement de 3% et 6,1% depuis le 1er février. Résultat, ces produits sans risques voient le montant de leur collecte s'envoler. La Banque de France souligne justement cet arbitrage favorable aux Livret A, LDDS ou LEP dans son étude trimestrielle sur l'épargne des ménages : elle pointe « une poursuite du mouvement d'arbitrage des dépôts à vue [les comptes courants, NDLR] (-18,2 milliards) vers les dépôts rémunérés [les livrets] (+33,6 milliards). »

Source des données : communiqués mensuels de la Caisse des Dépôts sur les flux et les encours du Livret A, du LDDS et du LEP.

© MoneyVox

Le Livret A, le placement chouchou des Français, a enregistré un mois de mars historique. Les dépôts ont excédé les retraits de 4,17 milliards d'euros. Un score étonnamment haut pour cette époque de l'année. Au 31 mars, les encours cumulés du Livret A et de son cousin le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) ont atteint un niveau record de 535,1 milliards d'euros.

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