Habiter un logement doté d'un bon diagnostic de performance énergétique (DPE) entraîne une baisse de la consommation réelle d'énergie des ménages plus faible qu'escompté, selon une étude du Conseil d'analyse économique (CAE) publiée mercredi.

Les DPE, créés en 2006, évaluent la consommation d'énergie d'un logement ou d'un bâtiment et son impact en terme d'émissions de gaz à effet de serre. Il est obligatoire pour louer ou vendre un logement, et son mode de calcul, réformé à la hâte en 2021, fait toujours l'objet de critiques.

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Dans les DPE établis pour les logements et bâtiments, dont les notations peuvent aller de A à G, ceux qui sont considérés comme des passoires énergétiques ou thermiques sont notés F ou G, la plupart du temps par défaut d'isolation ou en raison d'un chauffage aux énergies fossiles (gaz, fioul) fortement émissif de CO2.

Un écart entre la consommation théorique et la consommation réelle

Dans une étude du CAE et de Crédit Mutuel Alliance fédérale portant sur un échantillon de 178 110 ménages et s'appuyant de manière inédite sur des données bancaires, l'organe d'expertise rattaché à Matignon affirme qu'il y a « plusieurs raisons de penser que la consommation théorique du DPE peut nettement différer de la consommation réelle » des ménages.

Les auteurs soulignent qu'il existe bien une « progressivité » de la consommation réelle en fonction de la performance énergétique des logements, mais qu'elle est toutefois « beaucoup moins forte que la consommation théorique du DPE ». Cette progressivité s'estompe à mesure que la superficie du logement augmente, ajoutent-t-ils.

Effets comportementaux

Concrètement, la hausse de la consommation par m2 est de 86% entre les logements les plus performants (classe A et B), et les moins performants (classe G), « soit un taux près de six fois plus faible que celui prédit par le DPE », d'après les calculs des auteurs de l'étude.

Cet « écart » entre consommation réelle et théorique peut notamment s'expliquer par des « effets comportementaux » des ménages, notamment selon leurs revenus, ajoutent-ils. Ainsi, « les occupants de logements peu performants vont avoir tendance à moins consommer que la consommation prédite par leur étiquette, contraints par un prix du confort élevé », tandis que « les occupants de logements plus performants vont consommer plus que la prédiction de l'étiquette », précisent les auteurs.

Ils recommandent notamment de « chercher des pistes d'améliorations et d'homogénéisation du DPE », et d'accompagner des « efforts de sobriété », notamment pour « les plus hauts revenus et les logements les plus performants ».