A compter du 1er août, les tarifs de l'électricité vont progresser de 10%. La hausse moyenne devrait être de 160 euros par an selon les calculs des ministères de l'Économie et de la Transition énergétique. Mais les gros consommateurs vont voir leur facture annuelle grimper de 278 euros.

Une mauvaise nouvelle en plein milieu des congés d'été. Après l'augmentation de 15% du tarif réglementé de vente (TRV) en février 2023, le prix de l'électricité va à nouveau grimper de 10% au 1er août. Contraint par sa volonté de diminuer les dépenses publiques, le gouvernement a choisi de saisir le Conseil supérieur de l'énergie, quitte à plomber le pouvoir d'achat des Français.

Et si la Commission de régulation de l'énergie (CRE) recommandait, sur la base des prix du marché, une hausse de 75%, la hausse moyenne devrait être de 160 euros par an selon les calculs des ministères de l'Économie et de la Transition énergétique.

Un peu plus de 13 euros par mois qui s'ajoutent aux 20 euros mensuels en moyenne payés en plus en début d'année. Au total, à l'heure des comptes, les ménages auront payé presque 400 euros de plus en 2023 sur leur facture d'électricité. Dans le détail, HelloWatt qui conseille les foyers pour améliorer leur consommation au quotidien, montre que les effets seront différents selon le contrat souscrit et l'usage.

Les gros consommateurs peuvent profiter des heures creuses

Un logement qui consomme peu (2 400 kWh/an) verra sa note finale augmenter de 50 euros, soit un peu plus de 4 euros par mois. Mais pour les ménages aux habitations 100% électrique la note sera salée : + 278 euros par an pour un total de 3 244 euros. Et cette hausse est peut-être contenue dans la simulation ci-dessous par le choix d'un contrat dit Heures pleines - heures creuses.

10,7 millions de clients d'EDF ont souscrit à cette option favorable aux gros consommateurs contre 11,8 millions pour l'option standard appelée Base. Mais pour baisser sa facture, il faut faire fonctionner certains appareils énergivores (lave-vaisselle, lave-linge, sèche-linge) en heures creuses. Dans l'idéal, il faut disposer d'un matériel programmable ou être présent à son domicile la journée.

Comment la hausse de 10% des TRV va plomber la facture des ménages

Petite
consommation
(2 400 kWh/an) -
forfait base 6 kva
Appartement tout
électrique
(8 500 kWh/an) -
forfait base 9 kva
Maison tout
électrique
(14 000 kWh/an) -
forfait HPHC 9 kva
Facture annuelle
avant la hausse
638 euros1 931 euros 2 966 euros
Facture annuelle
après la hausse
688 euros2 106 euros 3 244 euros
Différence + 50 euros + 175 euros278 euros
Variation 8% 9%9%

Source : HelloWatt

On se souvient aussi qu'en février dernier, derrière la hausse moyenne de 15%, des écarts étaient apparus. Selon les calculs de la start-up Lite, sur la base de 41 000 clients, la hausse moyenne a été de 15,74%, soit 184 euros de plus par an, avec de fortes disparités.

D'ailleurs, les clients de l'offre Base d'EDF, qui payent le même prix du kilowattheure à toute heure du jour et de la nuit, ont vu la note grimper de 16,54% contre 15,04% en heures pleines - heures creuses puisque le tarif hors taxe de l'heure creuse n'a augmenté que de 9,86% contre 21,01% pour l'heure pleine.

Les offres fixes qui protègent des hausses

Si la hausse de 10% à partir du 1er août concerne les clients au tarif réglementé d'EDF, mais aussi ceux dont le contrat est indéxé sur ce prix chez les opérateurs altternatifs comme TotalEnergies, les consommateurs qui ont choisi une offre à prix fixe sont protégés. Grâce à elle, le prix kilowattheure est bloqué pour 12, 24, 36 ou même 48 mois. Ces offres, résiliable gratuitement et à tout moment, sont peu nombreuses sur le marché, souvent plus cher au moment de la souscription, mais protectrice des hausses à venir dans le temps. « Plus la durée de blocage est longue, plus les tarifs pratiqués sont élevés », précise Frédérique Feriaud, la directrice générale du médiateur de l'énergie, à Capital.

Si, selon une source de l'exécutif citée par Reuters, il n'y aura pas de nouvelle hausse avant le 1er février 2024, la fin du bouclier tarifaire est enclenchée d'ici à 2025. Jeudi dernier sur RTL, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a rappelé la nécessité de faire des économies. Le gouvernement a évalué, à la fin de l'an dernier, à 110 milliards d'euros entre 2021 et 2023 le coût du bouclier énergétique pour les ménages, les collectivités et les entreprises. La fin progressive des boucliers tarifaires sur l'électricité et le gaz représenterait près de 14 milliards d'euros d'économies, d'après ses projections.

« Il faut sortir de la politique du chéquier et du Quoi qu'il en coûte, qui ont été exceptionnellement efficaces », avait expliqué Bruno Le Maire en avril dernier. « Sortir des boucliers (électricité en 2025 et gaz en 2023, NDLR) doit se faire progressivement pour ne pas inquiéter nos compatriotes », a encore assuré le patron de Bercy.

La semaine dernière, trois économistes du Conseil d'analyse économique (CAE) estimaient la semaine passée qu'il fallait mettre fin au bouclier tarifaire sur les prix de l'électricité pour les ménages les plus aisés afin de réduire son coût.

Une annonce surprise

« Le gouvernement nous fait un coup de poignard dans le dos dans le creux de l'été », a dénoncé de son côté sur France Info, François Carlier, délégué général de l'association de défense des consommateurs CLCV. Il craint que cette hausse se ressente « surtout sur la consommation de fin d'année qui produira une facture plus élevée que prévue pour le mois de janvier » étant donné qu'on se chauffe l'hiver.

Pourtant, en début d'année, l'UFC-Que Choisir espérait que le niveau de plafonnement à 15% ne change pas courant 2023 même si la CRE venait à recommander de nouvelles augmentations des tarifs réglementés.

François Carlier accuse d'ailleurs « le gouvernement [d'avoir] renié sa parole ». Il avait estimé lors des annonces sur la hausse de 15% du TRV en février dernier que « l'augmentation à laquelle (doivent) faire face les consommateurs en 2023, un niveau 2 à 3 fois plus élevé que l'inflation, dépasse sensiblement le seuil de tolérance de la majorité des ménages. »