Depuis début juin, élus et professionnels réfléchissent à interdire les chaudières à gaz en France. 12 millions de foyer pourraient être concernés par une telle décision. Quelles sont leurs options pour aménager leur logement ?

Et si la France interdisait les chaudières au gaz prochainement ? Depuis début juin, élus et professionnels réfléchissent à cette hypothèse qui ne serait pas sans conséquences pour les ménages. En effet, quatre ménages sur 10 risquent de pâtir de cette décision, selon QueChoisir.

« Actuellement, 12 millions de foyers se chauffent au gaz, dont 5 millions en maisons individuelles, 3,5 millions en logements collectifs avec chauffage individuel et 3,5 millions en chauffage collectif. Soit au total, 40% des ménages. C'est dire l'impact de ce projet sur la population », écrit le magazine de l'association de défense des consommateurs.

Mais si l'interdiction entrait en vigueur, par quoi remplacer sa chaudière à gaz ? MoneyVox fait le tour des options.

Les pompes à chaleur

Elles sont partout dans les constructions neuves et séduisent un maximum de clients qui rénovent leur logement malgré des prix qui s'envolent et flirtent parfois avec les 20 000 euros. Les pompes à chaleur sont-elles la solution ? D'abord, depuis janvier 2022, l'interdiction du chauffage au gaz concerne les maisons individuelles neuves. Elle sera étendue en 2025 aux bâtiments collectifs neufs, en particulier aux immeubles en copropriété.

Ensuite, « le remplacement de 12 millions de chaudières par des pompes à chaleur au fil des années risque fort d'engendrer une déferlante de démarchages agressifs et d'arnaques à grande échelle, de coûter une fortune aux ménages et en prime, de les contraindre à changer de matériel plus souvent, les pompes à chaleur étant moins endurantes », alerte aussi QueChoisir.

Selon Effy, qui propose des solutions pour réduire sa facture énergétique, 83% des familles qui ont opté pour une pompe à chaleur en remplacement d'une chaudière fioul déclarent avoir économisé 500 euros sur leur facture annuelle. Selon Effy, le reste à charge pour l'installation d'une pompe à chaleur oscille, par exemple, entre 2 800 euros pour les foyers avec moins de 30 972 euros de revenus annuels, et 6 300 euros euros (entre 39 193 et 60 336 euros de revenus par an). Les ménages les plus modestes peuvent profiter de 5 000 euros de MaPrimeRenov' et 4 000 euros de certificats d'énergie (CEE).

Attention néanmoins à la qualité de l'installation. « Il sera nécessaire de former les chauffagistes aux technologies des pompes à chaleur, afin de garantir une expertise solide dans ce domaine en pleine expansion », prévient Hello Watt, une application qui permet de faire des économies d'énergie

Passer au chauffage électrique

Les pompes à chaleur conduisent à un passage au 100% électrique mais il existe d'autres possibilités comme le chauffage électrique plus classique, via radiateur ou au sol. Est-ce la solution idéale ? « Tout électrifier est une approche séduisante sur le papier, mais inadaptée à la réalité », juge Stéphane Chatelin de l'association NegaWatt. En effet, les logements ne sont pas tous adaptés.

De plus « l'adoption généralisée du 'tout électrique' risque d'entraîner des tensions importantes sur le réseau de production et de distribution d'électricité, ce qui pourrait compromettre la fiabilité et l'efficacité du système », estime aussi l'entreprise HelloWatt. On a vu cet hiver que le système peut s'avérer fragile.

« Les petites et moyennes surfaces comme les habitations relativement bien isolés » permettront une bonne gestion de ce mode de chauffage, estime cependant Engie qui liste néanmoins un certain nombre d'avantages :

  • Un coût d'installation modéré. Par exemple, une chaudière à condensation à haute performnace énergétique, qui fonctionne au gaz ou au fioul, nécessite des émetteurs basse température. Cette installation peut avoir un coût finalement supérieur à un passage à l'électrique (Pompe à chaleur ou radiateur).
  • Un coût d'entretien réduit et un modus operandi de maintenance annuelle très simple. Pour une chaudière gaz, rappelons que l'entretien annuel par un professionnel est obligatoire, de même qu'un ramonage du conduit d'évacuation des fumées.
  • Des appareils de chauffe à l'électricité de plus en plus performants.
  • Un impact écologique moindre par rapport au gaz : il n'y a pas de combustion à l'utilisation.

Un autre élément plaide en faveur de l'électricité. Le tarif réglementé du gaz va être supprimé au 1er juillet 2023 et l'évolution des prix pourrait devenir incertaine. De son côté, le tarif réglementé de l'élecricité ne va pas disparaitre.

Verdir le gaz... ou le remplacer

Mais il reste des défenseurs du gaz sur le marché. « Ne nous trompons pas de combat : ce n'est pas l'appareil qu'il faut bannir mais le gaz qu'il faut verdir ! Interdire l'installation de nouvelles chaudières serait un contre-sens historique, au moment même où elles affichent leur compatibilité avec le gaz vert - énergie stockable, renouvelable et produite en France », estime de son côté l'association Coénove qui rassemble les acteurs majeurs de l'efficacité énergétique dans le bâtiment.

Problème, il ne faudra pas vraiment compter sur les primes de l'Etat : selon PrimeEnergie.fr, les aides au changement de chaudières à haute performance énergétique et écologiques s'élèvaient à 263 euros en moyenne en 2022 contre 916 euros en 2021.

Des entreprises travaillent aussi sur le chauffage à l'hydrogène pour un déploiement autour de 2030. Avantage ? Il s'agit d'un mode de combustion totalement décarboné, 100% renouvelable et produit en France.

« Comment réussir à produire une flamme propre afin de faire un pas de plus vers la décarbonation de la combustion ? Nous y sommes arrivés avec l'hydrogène vert et la chaudière Vaillant, explique le directeur de l'entreprise Benoît Garrigues dans un communiqué. La combustion de l'hydrogène moléculaire par nos chaudières n'émet plus du tout de CO2. L'émission de N0x est également plus faible comparée aux chaudières THPE d'aujourd'hui, tout en conservant une efficacité et une sécurité maximale de fonctionnement. »