40% des ménages français sont concernés par la possible interdiction des chaudières à gaz. Un chantier qui s'annonce vaste, coûteux et dangereux pour un grand nombre d'entre eux. Sans compter que le gain en termes d'émission de gaz à effet de serre n'est pas garanti.

Pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France s'attaque aux chaudières à gaz, en plus des transports et des usines. Depuis début juin, élus et professionnels discutent de la question avant de trancher avant fin juillet sur la faisabilité d'interdire l'installation de chaudières à gaz neuves. Il s'agit d'« une des possibilités », confirme le ministère de la Transition énergétique.

« Cette consultation s'inscrit dans le cadre de la planification écologique » lancée par la Première ministre Elisabeth Borne et doit permettre de « sécuriser l'atteinte des engagements climatiques du pays d'ici 2030 », en cherchant notamment à savoir comment « accélérer la dynamique de dépose des chaudières fossiles (fuel et gaz) » dans les bâtiments, dans le parc tertiaire et dans le parc résidentiel, a-t-on précisé de même source.

Un fort risque d'arnaque avec les pompes à chaleur

Problème, quatre ménages sur 10 risquent de pâtir de cette décision, selon QueChoisir. « Actuellement, 12 millions de foyers se chauffent au gaz, dont 5 millions en maisons individuelles, 3,5 millions en logements collectifs avec chauffage individuel et 3,5 millions en chauffage collectif. Soit au total, 40% des ménages. C'est dire l'impact de ce projet sur la population », écrit le magazine de l'association de défense des consommateurs

Et de dénoncer au passage le système en vigueur du changement de matériel pour 1 euro... chaudière ou pompe à chaleur dont les prix se sont envolés avec des devis qui dépassent les 20 000 euros. Selon PrimeEnergie.fr, les aides au changement de chaudières à haute performance énergétique s'élèvaient à 263 euros en moyenne en 2022 contre 916 euros en 2021.

« Le remplacement de 12 millions de chaudières par des pompes à chaleur au fil des années risque fort d'engendrer une déferlante de démarchages agressifs et d'arnaques à grande échelle, de coûter une fortune aux ménages et en prime, de les contraindre à changer de matériel plus souvent, les pompes à chaleur étant moins endurantes », alerte aussi QueChoisir.

Il y a urgence à rénover et à passer au vert

« Nous sommes en phase avec la nécessité de réduire la part du gaz dans le bâtiment, indique Stéphane Chatelin de l'association Negawatt, mais la priorité entre toutes, c'est la rénovation performante du parc bâti pour faire baisser les consommations de chauffage. Sans rénovation massive des logements, la généralisation des pompes à chaleur aura des effets délétères. Tout électrifier est une approche séduisante sur le papier, mais inadaptée à la réalité. »

« Ne nous trompons pas de combat : ce n'est pas l'appareil qu'il faut bannir mais le gaz qu'il faut verdir ! Interdire l'installation de nouvelles chaudières serait un contre-sens historique, au moment même où elles affichent leur compatibilité avec le gaz vert - énergie stockable, renouvelable et produite en France », estime de son côté l'association Coénove qui rassemble les acteurs majeurs de l'efficacité énergétique dans le bâtiment.

Outre le gaz, le gouvernement entend ausi réduire drastiquement les émissions liées au fioul. Bonne nouvelle pour eux, selon Effy, qui propose des solutions pour réduire sa facture énergétique, 83% des familles qui ont opté pour une pompe à chaleur en remplacement d'une chaudière fioul déclarent avoir économisé 500 euros sur leur facture annuelle.