Dès samedi, le prix de l’électricité fournie par EDF au tarif réglementé va augmenter de 2,4%. Dans ce contexte, la question se pose : ne serait-ce pas le moment de quitter ce « tarif bleu » et d’aller voir les alternatives, notamment du côté des offres à prix fixe ? Voici ce qu’il faut savoir pour faire un choix éclairé.

C’est confirmé : les tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVE) - les fameux « tarifs bleus » d’EDF - vont augmenter de 2,4% en moyenne, toutes taxes comprise, à compter du 1er février prochain. Le gouvernement a suivi la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui a recommandé cette hausse pour répondre à « l’augmentation des prix sur les marchés de gros de l’énergie », mais aussi rattraper « l’écart entre coûts et recettes (…) constaté pendant l’année 2019 ». Il y a un an en effet, en pleine crise des Gilets jaunes, le gouvernement avait choisi de reporter de plusieurs mois une précédente hausse tarifaire, créant ainsi un manque à gagner que la CRE propose de rattraper sur 2 ans.

La trajectoire du prix de l’électricité est clairement à la hausse depuis plus de 10 ans. Rien qu’en 2019, les tarifs réglementés ont augmenté successivement de 5,9% TTC en juin, puis de 1,26% TTC en août. Cette fois, l’impact sur la facture des abonnés va se situer, selon l’estimation de la CRE, autour de 21 euros par an en moyenne. Un surcoût qui va s’appliquer directement aux 25 millions de particuliers - soit 3 foyers français sur 4 environ - qui restent abonnés aux tarifs bleus d’EDF, malgré l’ouverture à la concurrence depuis 2008.

Qu’en est-il, toutefois, du quart restant qui a opté pour des offres dites « de marché », c’est-à-dire dont le prix est fixé, non pas par les pouvoirs publics, mais par contrat avec un fournisseur alternatif ? Echappent-ils, eux, aux hausses des tarifs réglementés ? Et si oui, avez-vous intérêt à les imiter ?

Les offres de marché permettent-elles d’échapper à la hausse des tarifs réglementés ?

Ça dépend. Il faut en effet distinguer deux types d’offres de marché : les offres à prix variable, et celles à prix fixe.

Dans le cas des offres à prix variable, le prix évolue au cours de la vie du contrat, en fonction d’une formule propre au fournisseur, mais le plus souvent en suivant le cours d’un indice de référence. Et dans la majorité des cas, cet indice de référence est le tarif réglementé. Résultat : si vous choisissez ce type d’offres, vous bénéficierez certes d’une ristourne par rapport au tarif bleu (jusqu’à 10% sur le prix hors taxes du kilowatt-heure). Mais vous ne serez pas à l’abri des hausses de ce dernier.

Pour y échapper, mieux vaut donc se tourner vers des offres à prix fixe, pour lesquelles un fournisseur s’engage à maintenir le prix affiché à la signature du contrat sur 1, 2 voire 3 ans.

Les offres à prix fixe sont-elles moins chères que les tarifs réglementés ?

En général, non. Si la grande majorité des offres de marchés à prix variables, y compris en électricité verte, affichent des prix inférieurs au tarif réglementé, ce n’est pas le cas pour les offres à prix fixe.

Une trentaine d'offres à prix fixe

Selon le comparateur d’offres du médiateur national de l’énergie, il existe, au moment d'écrire ces lignes, une trentaine d'offres à prix fixe. Parmi elles, une dizaine affichent un coût annuel inférieur à celui du tarif réglementé, de l'ordre, pour la moins chère (Chez Moi Electricité d'Iberdrola, prix fixe 1 an) de 99 euros par an pour un foyer parisien au tarif heures pleines/heures creuses (HP/HC) en 9 kVA. A l'inverse, il existe un écart de coût de 113 euros avec l'offre la plus chère (Mon Contrat Elec Vert fixe 1 an, 2 ans, 3 ans de Sélia).

Est-on sûr de faire des économies avec une offre à prix fixe ?

C’est compliqué. Souscrire une offre à prix fixe revient au final à faire un pari sur les hausses futures du tarif bleu : souvent plus chères à la signature, elles deviennent de plus en plus compétitives au fil du temps. La partie, en effet, est gagnée d’avance : tout indique que le prix réglementé de l’électricité - impacté par l’évolution des coûts d’acheminement, des prix de gros de l’électricité sur le marché, du prix des certificats d’économie d’énergie, etc. - va continuer à augmenter dans les années à venir.

Difficile, toutefois, d’anticiper le niveau réel de l’économie. Elle dépend en effet de l’ampleur précise de la hausse du tarif bleu, mais aussi des caractéristiques du contrat signé avec le fournisseur. « C’est souvent le prix hors taxes du kWh qui est fixe, mais pas toujours celui de l’abonnement ou du coût d’acheminement. Parfois même aussi, le prix du kWh HT est fixe hors acheminement, c’est-à-dire que si le coût de l’acheminement augmente, l’évolution est répercutée dans le prix du kWh qui, du coup, n’est plus fixe… », prévient Frédérique Fériaud, directrice générale du médiateur national de l’énergie, autorité publique indépendante chargée d’informer les consommateurs et de régler à l'amiable les conflits avec les fournisseurs.

Résultat : il n’est pas rare que le médiateur soit contacté par des consommateurs furieux de voir leur facture augmenter, alors qu’ils espéraient bénéficier d’un prix bloqué. Pour éviter ce genre de mésaventures, une seule solution : examiner avec soin les caractéristiques de l’offre proposée avant de signer avec le fournisseur. Vérifier notamment quels sont les prix qu’il s’engagent à maintenir fixes (le kWh seulement ou également l’abonnement) et si l’évolution du prix de l’acheminement sera, ou non, répercutée.

Qu’est-ce que je risque à tenter le coup ?

Pas grand chose. Et ce pour une raison : lorsque vous signez un contrat à prix fixe, ce n’est pas vous qui êtes engagé sur la durée, mais votre fournisseur. En clair, vous pouvez signer pour une offre prévoyant un prix fixe sur 2 ans, et la résilier au bout de 2 mois.

Attention toutefois à « ne pas s’endormir sur une offre à prix fixe », conseille Frédérique Fériaud. Pour s’assurer qu’on a fait le choix, il est nécessaire de réexaminer régulièrement l’intérêt financier de l’offre choisie en la comparant avec les autres offres commercialisées par les fournisseurs,. Et ne pas hésiter à revenir en arrière si cet intérêt apparaît inexistant. Dans ce cas, vous pourrez même revenir au tarif bleu d’EDF : contrairement à ce qui se passe pour le gaz, ces tarifs réglementés de l’électricité ne sont pas appelés à disparaître pour le clients particuliers, qui peuvent y revenir quand bon leur semble.

Est-il encore temps de changer pour éviter la hausse du 1er février ?

En théorie, oui. Comme à chaque évolution du tarif réglementé, la plupart des fournisseurs d’électricité devraient publier cette semaine de nouvelles grilles tarifaires, prenant en compte la hausse du tarif bleu. Y compris pour leurs offres à prix fixe, dont le coût augmentera pour les nouveaux clients.

Est-il encore temps de changer avant ces hausses ? En théorie, oui. Ce changement, en effet, se fait sans délai ou presque : il vous suffit de contacter le nouveau fournisseur, de lui fournir le numéro PDL (Point de livraison) de votre compteur et, si vous n'êtes pas équipé d'un compteur Linky, un relevé de consommation. Le changement peut alors se faire en 24h. Dans les faits toutefois, la manœuvre peut être retardée par des contraintes techniques ou commerciales. Bilan : si vous êtes tentés, ne perdez pas une minute !

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(1) Pour la comparaison, le CRE retient deux profils de clients situés à Paris : un en option Base consommant 2 400 kWh par an ; un autre en Heures Pleines/Heures Creuses consommant 8 500 kWh par an. Prix au 30 septembre 2019, toutes taxes comprise et hors promotions éventuelles.