Assurance-vie, Livret A, PEL : quels sont les placements qui tirent leur épingle du jeu en 2018 ? Le point sur les collectes des principaux supports d’épargne au 1er semestre.

Persistance de taux bas, nouvelle donne fiscale avec la mise en place de la flat tax, hausse des prix : dans ce contexte, comment les épargnants ont-ils arbitré pour placer leur argent au premier semestre 2018 ? Pour le savoir, nous avons décortiqué les statistiques de l’Association française de l’assurance (AFA), de la Banque de France et de la Caisse des Dépôts, qui viennent de publier leurs chiffres de collecte du mois de juin.

Assurance-vie : +12,3 milliards d’euros

L’assurance-vie est de retour ! Avec une collecte de plus de 12 milliards d’euros au 1er semestre, le produit d’épargne fait beaucoup mieux que l’an dernier sur la même période (1,7 milliard). Et contrairement au Livret A ou au LEP, elle a maintenu ce rythme en juin, avec 2 milliards d’euros supplémentaires captés.

Comment expliquer ce retour en grâce ? Deux éléments au moins. La bonne tenue des rendements des fonds euros en 2017 d’abord, qui a rassuré les épargnants : 1,8% en moyenne, alors qu’ils étaient plutôt attendus autour de 1,5%. L’inclinaison de plus en plus claire pour les unités de compte ensuite, qui ont représenté près d’un tiers de la collecte en juin : après plusieurs années de taux bas, les Français semblent prêts à prendre quelques risques en échange de promesses de rendement. Dans le même temps, ils n’ont pas semblé gênés par la nouvelle donne fiscale, il est vrai plutôt à l’avantage de l’assurance-vie.

Livrets bancaires : +9,3 milliards

Malgré des rendements toujours bloqués à leur plus bas niveau historique (0,27% brut en moyenne en juin, selon la Banque de France), les livrets bancaires fiscalisés à taux de marché captent toujours une partie non négligeable des liquidités des Français : près de 9,3 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l’année.

Il n’y a toutefois pas eu d’effet flat tax. La nouvelle fiscalité inaugurée début 2018 améliore en effet leur rendement net pour les ménages les plus imposés. Mais la collecte 2018 est pourtant en baisse de plus de 20% par rapport à celle de 2017 (12,2 milliards sur la même période). Et si 2018 suit la tendance 2017, cela devrait encore se tasser au 2e semestre, marqué notamment par les dépenses de rentrée scolaire et le paiement des impôts.

A consulter : les taux indicateurs des livrets bancaires

Livret A : +9,1 milliards

Selon la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), la collecte nette du Livret A a atteint 9,11 milliards d’euros au 1er semestre 2018. C’est un peu moins qu’en 2017 (9,42 milliards), en raison notamment d’un mois de juin décevant : 280 petits millions d’euros. « Quand l’inflation est en hausse, les Français ont tendance à mettre plus d’argent de côté afin de maintenir, en valeur réelle, leur épargne (…) et pour faire face, à court et moyen terme, à des dépenses appelées à augmenter », analyse le Cercle de l’Epargne dans sa lettre mensuelle. « Ce n’est que dans un second temps du fait de l’érosion de leur pouvoir d’achat qu’ils sont contraints de limiter leur effort d’épargne. C’est ce que nous constatons depuis deux mois ».

Le phénomène touche également, dans des proportions encore plus importantes, le LDD dont la collecte nette 2018 est en repli de 10% par rapport à celle du 1er semestre 2017, à 1,67 milliard d’euros.

PEL : +0,5 milliard

Sur l’ensemble du semestre, le Plan Epargne Logement reste de justesse dans le vert : 493 millions d’euros de collecte nette, selon les statistiques de la Banque de France. Mais le produit est en déclin : il a ainsi connu en juin sa première décollecte depuis 2012. Conséquence : son encours n’a progressé que de 3% sur un an, quand il enregistrait des croissances annuelles de 12% il y a encore 3 ans, en juin 2015. La baisse du taux plancher et la fiscalisation des intérêts des PEL nouvellement ouverts sont passées par là…

Dépôts à vue : +21,8 milliards

Comme l’an dernier, le premier placement des Français n’en est pas vraiment un. L’encours des dépôts à vue des épargnants français (en majorité de l’argent détenu sur leurs comptes courants) a progressé de 21,8 milliards depuis le début 2018. Soit à peu près autant que l’argent placé en cumulé sur leurs assurances-vie et leurs Livrets A sur la même période.