Nicolas de Feraudy, le directeur général de la plateforme de Crowdlending Lendopolis, vient d'annoncer à sa communauté d’investisseurs la fin - au moins temporaire – des projets de prêts aux PME/TPE. L’entreprise s’oriente désormais vers les prêts liés aux projets immobiliers et aux énergies renouvelables.

Le marché du prêt participatif aux entreprises est-il condamné ? Après la fermeture d’Unilend fin 2018, c’est au tour de Lendopolis, autre pionnier du secteur, de jeter l’éponge. Une information annoncée ce jeudi 28 février par Nicolas de Feraudy, directeur général de la plateforme. Dans un courrier adressé à l’ensemble de sa communauté de prêteurs, celui-ci explique que l’équipe a pris « un peu de recul » sur son activité. Malgré une « forte croissance » en 2018, avec 10,5 millions d’euros collectés, soit « plus de deux fois les montants collectés en 2017 », le DG explique ainsi que cette année a permis d’affiner la « réflexion sur l’évolution du secteur du crowdlending en France ».

De quoi le pousser à prendre une « décision stratégique » : « la mise en sommeil » du financement des TPE-PME et Franchises, au profit du développement de « secteurs plus porteurs » : les énergies renouvelables et l’immobilier. Une décision qui n’est pas une surprise pour plusieurs raisons. Comme l’évoquait le dirigeant auprès de cBanque il y a deux ans, Lendopolis a souffert d’une mauvaise appréciation du risque lors de ses premières années d’existence. Au bout de cinq ans, 20% des prêts ont déjà connu des incidents de remboursement, et près de 15% des capitaux prêtés ne devraient pas être recouvrés. Un chiffre qui dépasse largement la moyenne du marché dans d’autres pays – en général sous la barre des 10%.

Une décision qui n'est pas « irréversible »

Par ailleurs, la dynamique semble s’étioler. Dans le bilan 2018 de Lendopolis, la proportion des prêts aux TPE/PME/Franchises est en baisse. Pour la première fois, le prêt aux entreprises n’est plus majoritaire, avec seulement 3,4 millions d’euros collectés (le même chiffre qu’en 2017). Il s’agit maintenant des prêts aux projets liés aux énergies renouvelables, passés de 1 à 4,7 millions d’euros entre 2017 et 2018. Par ailleurs, la nouvelle activité de prêt aux projets immobiliers, démarrée l’an passé, a déjà collecté 2,5 millions d’euros.

Sur le prêt aux entreprises, le dirigeant déplore un marché « très concurrentiel » entre plateformes, ainsi qu’un « manque de sensibilité des dirigeants de TPE/PME » pour ce mode de financement. De quoi entraîner des difficultés à « proposer des projets de qualité en quantité suffisante », et donc rend ce secteur de moins en moins rentable.

Nicolas de Feraudy assure que la décision n’est pas « irréversible ». Malgré tout, il semble très hypothétique, au vu des problématiques soulignées, d’imaginer un retour en arrière. Car comme il le souligne lui-même, les projets ENR et immobiliers, plus importants, bénéficient pour le moment d’un « taux de défaut vierge ».

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