Ils semblent désigner la même chose mais ce n'est pas le cas. L'assurance vie est un produit d'épargne et l'assurance décès, un contrat de prévoyance. Explications.

Bien que leurs noms semblent proches, l'assurance vie et l'assurance décès désignent deux produits bien différents. Le premier est un placement plébiscité par les Français, le second est une garantie prévoyance.

L'assurance vie pour financer des projets

L'assurance vie à quoi ça sert ? L'assurance vie est un produit d'épargne qui permet autant de préparer et financer des projets tout au long de sa vie, que de préparer sa succession.

Multifonction, l'assurance vie donne la possibilité de placer ses économies et de les faire fructifier à moyen et long terme. Avec un contrat multisupports d'assurance vie, vous pouvez placer votre argent sur un fonds en euros, où le capital est garanti.

Alors que la performance de ce fonds sécurisé atteignait en moyenne 1,90% en 2022, l'épargnant peut espérer mieux en choisissant d'investir sur des unités de compte. Plus risqués, ces supports rapportent potentiellement plus d'intérêts à long terme.

Palmarès 2023 des taux 2022 des fonds en euros de l'assurance vie

Avec un plafond illimité de versements, l'assurance vie offre la possibilité d'épargner ponctuellement ou régulièrement. Par ailleurs, pour les contrats de plus de 8 ans, l'épargnant bénéficie d'une exonération fiscale annuelle de 4 600 euros pour une personne seule et 9 200 euros pour un couple, en cas de rachat (retrait) sur son contrat d'assurance vie.

Un excellent outil pour la transmission du patrimoine

L'assurance vie, c'est aussi un outil pour préparer au mieux sa succession de son vivant. En effet, ce produit offre de nombreux avantages pour la transmission du patrimoine. Le montant présent sur le contrat de l'assuré n'entre pas dans la succession. Le barème des droits de succession n'est pas applicable (pour les versements effectués avant 70 ans) jusqu'à 152 500 euros par bénéficiaire. Un taux forfaitaire de 20% est ensuite appliqué, toujours par bénéficiaire, entre 152 500 et 700 000 euros, puis le taux est porté à 31,25% au-delà.

Après 70 ans, l'exonération fiscale s'applique uniquement sur les premiers 30 500 euros de versements (pour tous les contrats détenus). Au-delà, les sommes taxables sont soumises au régime commun du droit des successions.

Assurance vie : pourquoi faire des versements après 70 ans est toujours avantageux

L'assurance vie permet aussi de transmettre son patrimoine à des personnes sans lien de parenté, sans faire subir au bénéficiaire les droits de succession de 60% au-delà de 1 500 euros légués.

L'assurance décès, ça sert à quoi ?

A l'inverse, l'assurance décès n'est pas un produit d'épargne, mais simplement une garantie prévoyance. L'assurance décès fonctionne comme toute autre assurance : vous cotisez. Et ce, dans l'unique but de transmettre de l'argent à vos héritiers en capital ou rente, à votre décès.

Le coût d'une assurance décès dépend principalement du capital garanti, de l'âge du souscripteur (plus il est jeune, moins le prix de l'assurance est élevé) et de son état de santé. Les primes peuvent être versées tous les mois, trimestre, semestre, voire une fois par an.

Mais attention, des clauses d'exclusion existent notamment en cas de mort liée à la pratique d'un sport extrême ou un suicide.

Par ailleurs, une fois l'argent versé, vous ne pouvez plus le récupérer. Il sera transmis à vos héritiers ou remplira les caisses de votre assureur. Tout dépend du type d'assurance décès.

-L'assurance décès temporaire. La durée de ce contrat « temporaire » est défini à la signature : 10 ans, 15 ans, 20 ans... Si vous décédez avant la date limite, l'argent présent sur le contrat sera transmis à vos proches, en capital ou en rente. Les modalités de rente varient en fonction du montant des cotisations et de la durée. En revanche, si votre décès survient après, l'assureur ne reversera rien et gardera vos sous en poche.

Cette garantie prévoyance temporaire vous la connaissez probablement déjà. Il s'agit de la même garantie décès de votre assurance emprunteur adossée à votre crédit immobilier.

Vous l'aurez compris, tout comme votre assurance auto ou habitation qui vous couvre en cas de sinistre, s'il ne vous arrive rien, vous payez pour rien.

- Le contrat « vie entière ». L'assurance décès « vie entière », comme son nom l'indique, n'a pas de durée prédéfinie. Les cotisations iront donc aux héritiers quelle que soit la date de votre décès (en capital ou en rente). Mais là encore, si vos cotisations se révèlent être plus élevées que ce qui était prévu au départ dans le contrat, le surplus ne sera pas reversé aux bénéficiaires et ira dans les caisses de l'assureur. La perte potientielle est donc moins importante que pour le contrat temporaire mais elle existe.

« L'intérêt de l'assurance décès c'est qu'il s'agit d'un supplément en cas de décès prématuré. Pour pourvoir aux études des enfants par exemple ou pour pallier à la perte de revenus du conjoint décédé. Mais c'est une assurance avec la question de l'aléa et il y a toujours le risque de cotiser à fonds perdus », met en garde Hervé Mondange, juriste chez Association Force Ouvrière Consommateurs (AFOC).

L'assurance décès peut aussi s'avérer « utile aux personnes dont le patrimoine à transmettre est essentiellement constitué de biens immobiliers afin de permettre aux héritiers de régler les droits de succession et de garder les biens », précise Aurélien Soustre, membre du Comité consultatif du secteur financier (CCSF).

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La fiscalité de l'assurance décès

L'assurance décès bénéficie des mêmes avantages fiscaux que l'assurance vie. Pour les primes versées avant les 70 ans du souscripteur, chaque bénéficiaire a droit à un abattement fiscal de 152 500 euros (contrats d'assurance décès et d'assurance vie confondus). La part du capital décès qui excède ce montant est soumise à une imposition de 20% dans la limite du montant total de la dernière cotisation annuelle.

Pour les versements après 70 ans, l'abattement fiscal s'élève à 30 500 euros sur l'ensemble des primes (et non plus par bénéficiaire). Les primes versées au-dessus de ce montant sont réintégrées dans la succession.

A noter que l'assurance vie peut tout à fait remplir l'objectif de l'assurance décès via la garantie plancher qui assure aux bénéficiaires une somme minimale à votre décès, en contrepartie d'une cotisation supplémentaire. Dans ce contexte, quel est l'intérêt de prendre une assurance décès ?

« C'est avant tout à l'épargnant de déterminer quel est son objectif en cas de vie et de mort. Si je décède dans 5, 10 ou 20 ans, que se passe-t-il ? Est-ce que je veux privilégier les études de mes enfants, continuer à subvenir aux besoins du foyer, etc. Là, le conseiller en patrimoine peut proposer le ou les produit(s) adapté(s) pour répondre à cet objectif », ajoute Aurélien Soustre.

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Assurance décès : une affaire rentable... pour les assureurs

Selon une étude publiée en 2019 par l'ACPR, le gendarme des banques et des assurances, la garantie décès des contrats d'assurance prévoyance et emprunteur serait très lucrative pour les acteurs du secteur. L'assurance décès ne représenterait ainsi que 9% du chiffre d'affaires des assureurs vie, mais génèrerait 30% de leurs bénéfices. Des chiffres qui expliquent pourquoi certaines banques et assurances poussent les Français à la souscription de cette garantie prévoyance, en complément de leur assurance vie.

À l'image du Crédit Agricole, qui écrit dans un message envoyé aux détenteurs d'un contrat d'assurance vie : « Votre assurance vie peut vous permettre de vous constituer progressivement un capital pour contribuer à la réalisation de vos projets et ceux de vos proches. Ce capital pourra leur être versé en cas de décès. Mais si cela devait arriver prématurément, le capital constitué pourrait s'avérer insuffisant. C'est pourquoi, en complément de votre assurance vie, il pourrait être intéressant d'adhérer à une assurance prévovance décès qui prévoit un capital défini à l'avance versé à vos bénéficiaires en cas de décès ».