5 millions de salariés utilisent les titres-restaurants pour régler un repas ou des courses alimentaires. Face à la pression des professionnels qui jugent les commissions prélevées et la procédure d'envoi trop lourde, le gouvernement va pousser à la dématérialisation du ticket resto. On vous explique.

Branle-bas de combat pour 5 millions de salariés qui les utilisent chaque mois. D'ici 2026, « je lance la dématérialisation des tickets-restaurants », a annoncé lundi la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme Olivia Grégoire sur France Info. Objectif : simplifier la vie des Français.

La fin du papier est en fait un serpent de mer. Les commissions prelevées sur chaque règlement par ce mode de paiement sont jugées trop élevées et les démarches trop compliquées par un nombre croissant de commerçants qui finissent par refuser le ticket resto papier au profit des cartes de paiement (malgré des commissions également très hautes).

Selon un sondage mené par Openeat (spécialiste des avantages aux salariés liés à l'alimentation) et cité par Les Echos, 20% des restaurateurs refusent désormais ces moyens de paiement, soit pour cause de commissions trop élevées prélevées par les émetteurs (50%), soit en raison des retards de remboursement (22%) ou de contraintes administratives trop lourdes pour ouvrir un compte (23%).

Pourquoi une telle annonce ?

Olivier Grégoire répond avant tout à une demande de longue date des professionnels. Les tickets resto représentent 10 à 20% du chiffre d'affaires des commerçants de bouche, et jusqu'à 30 à 40% pour ceux situés dans des zones où les entreprises sont concentrées comme La Défense à Paris.

La ministre déléguée a cité une enquête à venir de l'Autorité de la concurrence et prévenu : « s'il y avait un dysfonctionnement de marché qui était prouvé, je ne prendrai pas de temps pour plafonner les commissions. (...) Elles sont entre 3 et 5%, j'attends de voir très précisément ce que dis l'Autorité de la concurrence, mais s'il y a dysfonctionnement, nous les plafonnerons plutôt au plancher qu'au plafond. »

Outre la commission, aujourd'hui, le commerçant doit envoyer les titres papier par ae Poste. Ceux-ci doivent ensuite être traités avant que l'argent ne soit renvoyé. Une procédure jugée trop lourde.

La ministre a promis d'accompagner la transition des entreprises qui utilisent toujours les tickets papier.

Et si les restaurateurs et commerçants veulent baisser les commissions, les émetteurs de leur côté poussent pour promouvoir leur carte afin de baisser leurs frais... de gestion.

Fin 2020, les cartes équipaient déjà 70% des bénéficiaires chez Edenred (soit 1,4 million de personnes), 26% chez Up Chèque Déjeuner (400 000 personnes) ou 35% chez Apetiz (soit 400 000 personnes).

Selon les émetteurs, sur les 4,5 millions de bénéficiaires de tickets resto en 2020, 2,9 millions seraient porteurs de carte.

Quel calendrier pour les usagers ?

Olivia Grégoire a parlé de 2026. Pour le moment, la fin du papier est théorique mais les émetteurs devraient arrêter de les produire et de les proposer à leurs clients d'ici 2025. Ce seront les règles en vigueur actuellement qui devraient faire foi. Il est possible d'utiliser les tickets-restaurants l'année de leur émission puis durant une période de deux mois à compter du 1er janvier de l'année suivante. Techniquement, la fin des tickets papier est donc attendue pour fin février 2026.

Les règles d'utilisation vont-elles changer ?

Non. Depuis le août 2022, les titres-restaurants sont utilisables du lundi au samedi dans les restaurants, boulangeries mais aussi pour l'ensemble des courses alimentaires dans les supermarchés (hors alcool) avec un plafond quotidien maximum de 25 euros, en vigueur depuis octobre 2022.

Par contre, les salariés qui vont passer du titre-restaurant papier à la carte vont pouvoir désormais bénéficier d'un avantage de taille grâce à ce mode de paiement dématérialisé : la possibilité de régler son repas ou ses courses au centime près, comme l'explique Edenred. En effet, avec le titre papier, il n'est pas toujours simple d'être remboursé de la différence entre sa valeur et le montant de l'achat. Même si souvent, les commerçants proposent des avoirs.

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