Les émetteurs et la Commission nationale des titres-restaurants poussent le gouvernement à mettre fin aux titres papier pour généraliser l'usage de la carte. Les titres-restaurants au format papier sont-ils menacés ?

Les commerçants ont le droit de refuser un ticket restaurant, papier ou carte. Depuis de longs mois, certains d'entre eux pestent contre le format carte qui remplace petit à petit le papier, en raison d'une commission d'opération trop élevée, quand les émetteurs (Edenred, UpDéjeuner, Sodexo ou Natixis pour citer les poids lourds du marché) poussent pour toujours plus de dématérialisation.

Ces derniers ont un temps espéré profiter de la fermeture fin février de la Centrale de règlement des titres (CRT) qui traite les tickets utilisés par les clients pour les transformer en euros auprès des restaurateurs et boulangers. Mais face à l'inquiétude des commerçants de ne pas pouvoir se faire rembourser, et qui commençaient à les refuser, les émetteurs ont du trouver en urgence un prestataire commun.

Le gouvernement sollicité pour imposer la fin du papier

Pour autant, le ticket restaurant papier semble condamné à moyen terme. « Si les commissions n'ont pas baissé à hauteur des espoirs des restaurateurs, ils réalisent des économies du fait de la réduction des coûts liés au traitement des titres avec la disparition du papier : conservation des titres, risque de vol, tamponnage, découpage des coins, envoi recommandé... », argumente Edenred auprès de MoneyVox.

« Nous, on aurait bien voulu [qu'ils disparaissent], ça aurait fait gagner du temps », juge Hélène Clautour présidente de la branche restauration de l'Umih 85 et en charge de la commission nationale des titres restaurant au niveau national auprès d'Actu.fr. Une commission qui représente 220 000 établissements et qui a même sollicité le gouvernement pour imposer la fin du papier.

10% des titres-restaurants ne sont pas utilisés

Pour l'heure, l'exécutif n'a influé que sur le plafond quotidien, passé à 25 euros au 1er octobre 2022, et sur la possibilité de régler l'ensemble de ses achats réalisés en supermarché avec des titres-restaurants, mais pas le dimanche. « Vous avez la possibilité d'utiliser vos titres-restaurants pour acheter tout type de produits alimentaires, même s'ils ne sont pas directement consommables sans cuisson ou préparation (farine, pâtes, riz, œufs, poisson, viande, etc.) », précise l'article 6 de la récente loi pour la protection du pouvoir d'achat​. Pour autant, rien dans le décret de 2014 qui autorise le déploiement des titres déjeuner dématérialisés ne prévoit la fin du support papier.

En France, 7,5 milliards d'euros de titres sont émis chaque année. Au total, 4,8 millions de salariés en bénéficient dans près de 20% des entreprises françaises. D'après Les Échos, chaque année, 10% des titres qui sont émis ne sont pas utilisés. Cela représente l'incroyable somme de 700 millions d'euros.

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