« Prime électorale », « aumône » de 100 euros ou « mesure efficace, simple et rapide »: l'Assemblée nationale a donné mercredi un premier quitus à l'« indemnité inflation » du gouvernement, en adoptant le second projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2021.

Mesure phare de ce PLFR dit de « fin de gestion », « l'indemnité inflation » s'élève à 100 euros et sera versé à 38 millions de Français, « salariés, indépendants, retraités, chômeurs, allocataires des minima sociaux, étudiants boursiers, percevant moins de 2.000 euros nets mensuels », a rappelé le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt.

Son coût pour les finances publiques est estimé à 3,8 milliards d'euros. « Cette mesure sera efficace parce qu'elle est simple et rapide à mettre en œuvre », a vanté le ministre.

Annoncée par le Premier ministre en octobre, elle est une nouvelle brique dans le mur que le gouvernement tente de construire pour endiguer la hausse des prix, notamment l'envolée de la facture énergétique, et éviter ainsi que le pouvoir d'achat ne vienne fissurer le bilan d'Emmanuel Macron à quelques mois de la présidentielle d'avril 2022.

D'autres mesures regroupées dans « un bouclier tarifaire » sont discutées en parallèle dans le cadre de l'examen au Parlement du projet de budget 2022.

« L'effort de la collectivité est considérable », a abondé le rapporteur général LREM du budget Laurent Saint-Martin, en chiffrant celui-ci à 8 milliards d'euros, entre recettes moindres et coûts.

Une « prime électorale »

Eric Coquerel (LFI) a dénoncé des « mesures ponctuelles à l'inverse des cadeaux faits aux riches », en lançant : « Si Macron n'aime pas les manants, il les craint ». Charles de Courson (Libertés et Territoires) pointe les risques de fraude ou d'aubaine, et compare l'indemnité à une « prime électorale ». Accusation d'électoralisme reprise à droite, où la députée LR Véronique Louwagie a fustigé une « aumône » de 100 euros, en défendant plutôt une « baisse des taxes bien plus juste et bien plus simple » que ladite indemnité. L'élue de l'Orne a aussi critiqué « la fièvre dépensière » et la « politique du carnet de chèques ».

« La dette est la dernière des priorités du gouvernement », a déploré Mme Louwagie, faisant aux échos aux inquiétudes du président de la commission des Finances Eric Woerth qui estime à 100 milliards la hausse des dépenses courantes - hors crise - entre 2017 et 2022 : « nous continuons de vivre au dessus de nos moyens ».

Le PLFR transcrit les nouvelles prévisions économiques de sortie de crise, avec un déficit public ramené à 8,2% du PIB et une dette publique de 115,3% du PIB fin 2021.