Le gouverneur de la banque de France, Christian Noyer, a estimé mardi que le Premier ministre Manuel Valls faisait une « erreur de diagnostic » en estimant que la faiblesse de la reprise économique était liée à la politique de la Banque centrale européenne (BCE).

« Je crois qu'il fait une erreur de diagnostic. La BCE n'a pas la politique la moins expansionniste », a estimé M. Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, interrogé par LCI. « La BCE mène une politique monétaire moins expansionniste que ses consoeurs américaines, anglaises et japonaises et c'est dans la zone euro que la reprise économique est la moins vigoureuse », avait affirmé plus tôt le nouveau Premier ministre devant l'Assemblée nationale dans sa déclaration de politique générale.

L'euro fort à cause de son attrait

« Cela n'est pas la politique monétaire qui rend l'euro fort, c'est l'attrait de la zone euro », a corrigé M. Noyer, soulignant que « la BCE a la politique monétaire la plus accommodante » en matière de taux d'intérêt. « Personne ne souhaite l'euro fort », a-t-il affirmé. La BCE a fait « tout ce qu'il fallait pour mettre les taux au plancher », a-t-il ajouté, faisant observer que les taux européens à moyen et long terme sont « plus bas que les taux américains ». La BCE a affirmé jeudi sa détermination à agir si la stabilité des prix venait à vaciller et à menacer la reprise en zone euro, y compris en gonflant son bilan à travers le rachat d'actifs.

Interrogé par ailleurs sur un éventuel nouveau report de l'objectif de réduction du déficit public sous 3% du Produit intérieur brut (PIB), actuellement fixé à fin 2015, Christian Noyer a répondu : « je ne suis pas sur de comprendre aujourd'hui pourquoi la France a besoin d'un délai ». « C'est très important de montrer qu'on ne néglige pas le retour vers l'équilibre des finances publiques », a-t-il dit.

Le gouverneur de la banque de France a par ailleurs affirmé que l'engagement confirmé par Manuel Valls de réduire de 50 milliards d'euros la dépense publique de 2015 à 2017 était « tout a fait réalisable ». « Il est capital que les baisses de charges soient compensées par des économies de dépenses et pas par d'autres impôts », a-t-il reconnu.

Au sujet du maintien de la prévision de croissance française pour 2015, à 1,5% par le Fonds monétaire international (FMI), M. Noyer a considéré qu'il s'agissait de « tendances crédibles », estimant que « l'orientation de politique économique qui est prise en faveur de la compétitivité des entreprises doit permettre à la croissance d'accélérer ».