Face aux députés, à qui il présentait l'exécution du budget 2011, le ministre de l'Economie et des Finances français Pierre Moscovici a déclaré que la gauche héritait « d'une situation beaucoup plus dégradée qu'annoncé ».

Tout en se gardant de tout propos accusateur ou polémique à l'égard de la droite, aux affaires pendant les dix dernières années, Pierre Moscovici a fait « trois constats » en s'exprimant devant l'Assemblée nationale en ouverture du débat sur le rapport de gestion budgétaire pour 2011.

« Nous héritons d'un stock de dette considérable : plus de 1.700 milliards d'euros, soit 86% du PIB », a rappelé le ministre, relevant que « sur les dix dernières années, l'endettement (avait) augmenté de 600 milliards d'euros ». Par conséquent, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a « la responsabilité de maîtriser l'endettement de ce pays », a-t-il dit.

Deuxième constat, « les déficits publics - 100 milliards d'euros en 2011 -, auraient dérivé, sans correction, vers un montant qui aurait représenté 5% en 2012 », au lieu des 4,5% prévus, à peine inférieur à ceux de 2011 (5,2%). Aujourd'hui, selon Moscovici, « le déficit est deux fois supérieur à celui qui permettrait de stabiliser la dette » et « très largement supérieur à celui de notre grand partenaire, l'Allemagne, qui a un déficit de 1% ».

« Touche personnelle »

Dernier constat, a poursuivi le ministre, « les déficits structurels », c'est-à-dire non liés aux effets de la conjoncture économique, « se sont creusés depuis 2007 ». « Vous avez bien apporté votre touche personnelle », a-t-il lancé à l'adresse de l'opposition. Au total, « nous héritons d'une situation beaucoup plus dégradée qu'annoncé », a-t-il résumé, reprochant à l'ancienne majorité de ne pas avoir fait « des ajustements beaucoup plus prononcés en loi de Finances initiale 2012 » plutôt que de prévoir des nouvelles mesures plus tard.

Pierre Moscovici a enfin assuré que les « principes » du gouvernement Ayrault étaient « le sérieux et la sincérité des comptes et prévisions financières ».

Le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, a évoqué pour sa part une situation « inquiétante ». Selon la Cour des comptes, « structurellement et indépendamment de la crise, notre pays s'est endetté » entre 2007 et 2012, a-t-il argumenté. Et de citer les prédictions d'un expert en finances publiques, l'ancien rapporteur général du Budget, Gilles Carrez (UMP): « notre rapporteur disait que 2012 et 2013 seraient les années les plus délicates pour nos finances publiques ».