Les personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté en France sont aujourd'hui mieux considérées par les banques qu'il y a 10 ans, et sont des clients presque comme les autres, selon une étude du Crédoc, publiée jeudi par le ministère de l'Economie.

Les pauvres sont deux fois plus nombreux en 2009 (80%) qu'en 2001 (39%) à détenir une carte bancaire, selon cette étude, réalisée par le Crédoc (centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) pour le CCSF (Comité consultatif du secteur financier), à la demande de Christine Lagarde, ministre de l'Economie. Pour les chéquiers, autre service proposé par les banques, la proposition est passée de 59% en 2001 à 68%. Enfin, 96% des pauvres avaient un compte bancaire en 2009, presque comme tous les Français (99%), contre 92% en 2001.

Ce rapport montre ainsi « une forte amélioration de l'accès aux services financiers » des pauvres, selon Christine Olm, sous-directrice au Crédoc, et co-auteur de cette étude.

Est considérée comme « pauvre » en France une personne ayant un revenu égal ou inférieur à 900 euros par mois. Pour un couple, le seuil est de 1.350 euros par mois, et pour une famille avec 2 enfants de moins de 14 ans, il est de 1.950 euros par mois. Selon les normes de l'Union européenne, un « pauvre » est celui qui a moins de 0,60% du revenu mensuel moyen par personne d'un pays. Plus le pays est riche, plus le seuil de pauvreté est élevé, et inversement.

En outre, les pauvres sont beaucoup plus nombreux qu'en 2001 à détenir une épargne à la banque, sous forme de livret A notamment. En 2009, 61% des ménages touchant des minima sociaux comme le RSA, l'allocation parent isolé, ou le minimum vieillesse, disposaient d'une telle épargne, contre 45% en 2001.

En ce qui concerne les autorisations de découvert à la banque, l'étude montre que 72% des ménages pauvres en bénéficient, contre 43% en 2001. « Nous avons noté aussi qu'une fraction des ménages n'ont volontairement ni carte bancaire ni chéquier, c'est un choix », a indiqué Mme Olm.

Le crédit conso pour boucler les fins de mois

Les détenteurs de cartes n'ont pas tous le même comportement. « Certains hésitent à s'en servir, de peur de ne pas en maîtriser les coûts » et d'être entraînés dans une spirale de dépenses. Il s'agit souvent des personnes âgées de plus de 65 ans.

En revanche, les pauvres plus jeunes ont un recours beaucoup plus automatique à la carte de crédit, et n'ont souvent « pas conscience » des frais que cela peut occasionner. « Ils ont l'habitude de surfer sur internet, où le paiement par carte est une obligation, c'est devenu naturel chez eux de se servir de la carte », relève Mme Olm. On retrouve le même clivage entre jeunes et vieux quand il s'agit de découvert à la banque. Les populations âgées pauvres savent combien coûte un chèque refusé pour cause de découvert, alors que les jeunes n'en ont aucune idée.

Concernant le crédit à la consommation, l'étude montre qu'il sert souvent à combler un besoin de trésorerie, ou à financer des achats de base comme l'habillement, voire l'alimentation. « Le prêt à la consommation devient la solution pour réussir à finir le mois », constate Mme Olm.

Une catégorie dans les personnes considérées comme pauvres est cependant plus mal lotie : les chômeurs. A même niveau de vie que les pauvres ayant un emploi, ils sont beaucoup plus souvent confrontés à un refus de la banque de leur donner un chéquier ou une carte bancaire.