La Croix-Rouge, le Secours catholique et l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) dénoncent dans un appel commun l'« exclusion bancaire » de 5 à 6 millions de Français, confrontés à des difficultés d'usage des services bancaires.

Cet appel à lutter contre cette « forme latente d'exclusion sociale » est lancé dans un « Manifeste pour l'inclusion bancaire en France des populations fragiles ». Les associations et l'Unccas y proposent de « renforcer l'accompagnement » des plus pauvres dans la gestion de leur budget, et d'inciter les banques à « améliorer leurs pratiques » en créant une « certification » qui leur serait délivrée par « un institut public indépendant » au regard de leurs actions.

« Avec près de 99% de la population française ayant accès à un compte bancaire, il est tentant de penser que l'exclusion bancaire est quasiment éradiquée du territoire. Or la réalité est toute autre » souligne le document : tous les Français « ne sont pas égaux » lorsqu'il s'agit d'« utiliser » ces services. « Accès refusé à un conseiller », « mauvais fonctionnement du compte et des moyens de paiement générant des frais d'incident en cascade », « incompréhension des modalités des crédits renouvelables » : ces difficultés peuvent empêcher de mener « une vie normale ».

Efforts insuffisants

Cette « exclusion bancaire » touche les personnes fragiles ou précaires : bénéficiaires de minima sociaux, chômeurs, jeunes, travailleurs pauvres, mais aussi ménages surendettés. Soit au total « entre 5 et 6 millions de personnes ». « Produits bancaires adaptés à certains profils de clients (salariés intérimaires ou en CDD) » ou orientation vers « des organismes sociaux et de prévention des impayés » : les banques font des efforts pour aider ces clients, mais cela reste insuffisant, relève le Manifeste.

Outre une certification, le texte appelle à « déployer de larges programmes d'éducation budgétaire et financière » et à voter « une loi d'orientation » qui reprendrait ces propositions afin de pallier le « manque d'efficience des politiques publiques ».

Alors que les lois contre l'exclusion bancaire se sont multipliées depuis l'instauration d'un « droit au compte » en 1984, l'exclusion bancaire « persiste, voire croît », soulignant « à quel point les réponses ne sauraient reposer uniquement sur l'amélioration des conditions d'accès aux produits et services bancaires ».