Le cours de l'or tutoie les records. Un lecteur de MoneyVox se demande s'il faut investir dans ce métal précieux. Eléments de réponse avec l'aide de deux experts.

Question de Naj, le 24 avril 2023

« Faut-il investir dans l'or ? »

Bonjour Naj, et merci pour votre question. Est-ce le moment de se ruer sur l'or ? Comme vous Naj, de nombreux investisseurs se posent la question. Elle est d'ailleurs régulièrement évoquée sur le forum de MoneyVox. En effet, ces dernières semaines, le cours de l'or retrouve ses plus hauts historiques, au-delà de 1 800 euros l'once qui représente un peu plus de 28 grammes.

L'appétit des banques centrales pour l'or

« L'or est une valeur refuge depuis la nuit des temps. Et c'est le cas aujourd'hui en période de crise marquée par une forte inflation et la guerre en Ukraine. Mais aussi les inquiétudes autour de la solidité des banques. Des particuliers se disent que si leur banque fait faillite, il leur restera quelque chose grâce à l'or », explique l'économiste Philippe Crevel. « A cela, il faut ajouter le regain d'appétit des Banques centrales pour l'or. Les pays émergents mais aussi la Chine, la Russie, l'Inde sont friandes d'or pour réduire leur exposition au dollar. »

« L'or physique est un actif de diversification même s'il est hautement spéculatif. Le cours me semble élevé aujourd'hui »

Mais si le cours de l'or est aussi élevé, est-ce quand même intéressant de miser sur le précieux métal jaune ? Tout est une question de point de vue. « L'or physique est un actif de diversification même s'il est hautement spéculatif, rappelle Philippe Crevel. Le cours me semble élevé aujourd'hui. Il faut se rappeler que ceux qui ont acheté de l'or en 1980 juste après le second choc pétrolier ont dû attendre 20 ans avant que le cours de l'or ne retrouve le cours d'origine ! »

« Il n'est pas trop tard pour profiter de la hausse des cours de l'or »

De son côté, Jean-François Faure, président de la plateforme internet Au Coffre, a une autre vision du marché : « Il n'est pas trop tard pour profiter de la hausse des cours de l'or. Quand j'ai fondé Au Coffre il y a 13 ans, on me demandait déjà si le cours de l'or, alors à 700 euros l'once, était trop élevé. Aujourd'hui, le cours est au-delà des 1 800 euros l'once. Mais l'or, il ne faut pas y aller de manière émotive. La meilleure attitude à avoir vis à vis de ce placement est d'en acheter un petit peu, régulièrement pour lisser l'évolution de son épargne ».

« Ce ne sont plus seulement des personnes âgées qui veulent faire des cadeaux à leurs petits-enfants, il y a aussi des jeunes, dès la vingtaine, qui veulent se prémunir des coups durs ou de l'inflation »

Et l'engouement pour l'or ne se dément pas chez les particuliers qui seraient ainsi de plus en plus nombreux à miser une partie de leur épargne sur l'or. « Ce ne sont plus seulement des personnes âgées qui veulent faire des cadeaux à leurs petits-enfants, il y a aussi des jeunes, dès la vingtaine, qui veulent se prémunir des coups durs ou de l'inflation, en sachant qu'ils pourront revendre très facilement. En plus des investisseurs qui espèrent une plus-value dans quelques années, ils sont aussi nombreux à vouloir sortir leur trésorerie du système bancaire », expliquait en début de semaine, au Parisien, Edouard Guerre, directeur du site de vente de devises en ligne Ccopéra.

Lingot, Napoléon, ETF... Comment profiter de la hausse de l'or ?

Pour ceux qui veulent miser sur l'or, sur quel support se lancer ? Encore une fois, les avis divergent. Jean-François Faure conseille de miser sur l'or physique. Mais pas n'importe lequel. « Il y a le lingot, mais il a des inconvénients. Il est cher : près de 60 000 euros et si vous avez besoin de liquidités, vous ne pouvez pas en vendre qu'une seule partie. Il y a aussi les mini lingots par exemple, mais plus la quantité est faible, plus le prix au gramme est élevé », explique l'expert.

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Il recommande plutôt de miser sur des pièces reconnues, comme le 20 Francs Napoléon. Selon lui, « ces supports d'or physique ont l'avantage de ne pas que suivre le cours de l'or. En effet, ils ont leur propre valeur en fonction de l'offre et la demande. En 2008, par exemple, la valeur au-delà de la valeur du métal du Napoléon 20F a pu grimper jusqu'à 50% en pleine crise boursière ! Cette différence s'appelle la prime et il est intéressant d'en observer le phénomène selon le contexte. »

A l'inverse, Philippe Crevel rappelle que l'or physique « ne produit rien. Il ne fait pas de petits contrairement aux obligations, aux actions avec les dividendes ou encore le Livret A avec les intérêts. Le seul gain possible est une éventuelle plus-value en fonction du cours de l'or. De plus posséder de l'or physique chez soi est risqué, il faut donc le sécuriser dans un coffre chez soi ou à l'extérieur, ce qui a un coût ».

L'économiste conseillerait davantage « l'achat d'ETF qui répliquent le cours de l'or ou encore de parts de fonds ou d'actions de sociétés aurifères dont la valeur sera fonction du cours de l'or, mais sont aussi susceptibles de verser des dividendes ».

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