L'épargne financière des ménages s'est accélérée depuis la crise du Covid-19, selon un calcul de la Banque de France, générant en trois ans un « surplus » de 157 milliards d'euros par rapport à la tendance observée avant l'année 2020.

Surtout placée en dépôts bancaires en 2020 et 2021, « une partie de cette épargne a été réallouée depuis le second semestre 2022 vers des placements financiers davantage rémunérés notamment vers les produits d'épargne réglementée que la hausse de leurs taux d'intérêts rend désormais attractifs », relève la banque centrale dans une note trimestrielle arrêtée à fin décembre, publiée mercredi.

L'encours des Livrets A et des Livrets de développement durable et solidaire (LDDS), dont le taux est désormais à 3%, a par exemple gagné 40 milliards d'euros sur la seule année dernière, selon la Caisse des dépôts (CDC).

L'assurance vie a de son côté bénéficié de façon contrasté de cette manne en 2022 : les placements en unités de comptes (UC), potentiellement plus rémunérateurs, mais également plus risqués, affichent une collecte nette (différence entre les dépôts et les retraits) de 38,9 milliards d'euros quand les fonds euros, au capital garanti, ont subi une décollecte nette de 10,7 milliards d'euros. Dans les deux cas, la valeur de marché des actifs a beaucoup souffert l'an dernier. Celle des fonds euros a été dévaluée de près de 250 milliards d'euros, passant de 1.686 milliards d'euros fin 2021 à 1.436 milliards d'euros fin 2022.

Cet état des lieux est lié au relèvement des taux directeurs des banques centrales, qui entraîne derrière lui les rendements des nouvelles obligations. Celles acquises avant la remontée des taux, aux rendements plus faibles que les nouvelles et qui garnissent les portefeuilles des assureurs vie, s'en trouvent logiquement décotées. La valeur des UC est quant à elle passée de 485 milliards d'euros fin 2021 à 449 milliards d'euros fin 2022, dans le sillage des mauvaises performances des marchés.

Un peu plus de 6 000 milliards d'euros

Tous placements confondus, l'épargne financière totale des ménages s'élevait en fin d'année dernière à un peu plus de 6 000 milliards d'euros.

Côté entreprises, la note de la Banque de France met en avant une hausse de 8,4% de l'encours de dette nette après deux années de quasi-stabilité, « en raison notamment de la hausse soutenue des crédits aux grandes entreprises », une tendance qui se poursuit en janvier 2023, selon des premières données disponibles.

L'encours de la dette nette des sociétés non financières atteint 1 112,3 milliards d'euros à fin décembre dernier.