Après un improbable pic à quasi 27% au cœur du premier confinement Covid-19, le taux d'épargne a nettement diminué. Les ménages mettent moins de côté, notamment pour faire face à l'inflation. Mais cette chute sera de courte durée, à en croire l'Insee, qui anticipe un net rebond du taux d'épargne. Histoire d'avoir un important matelas en cas de coup dur.

« Il y a une volonté d'avoir une épargne de précaution », analyse Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'Insee, à l'heure de présenter sa note de conjoncture trimestrielle ce jeudi. Une analyse qui se base sur l'évolution passée et anticipée du taux d'épargne des ménages, autrement dit la part des revenus que les Français mettent de côté chaque mois.

Ce taux d'épargne naviguait depuis les années 1990 autour de 14% ou 15%... jusqu'à la crise Covid-19. Le premier confinement a provoqué une montée en flèche à 26,8% au 2e trimestre 2020. Un cas à part mais ce taux d'épargne s'est maintenu très haut, tutoyant voire dépassant parfois les 20% fin 2020 et en 2021. Avant de revenir à un taux plus classique au 2e trimestre 2022, à 15,5%.

Taux epargne

Mais l'Insee calcule un taux d'épargne à 16,7% au 3e trimestre 2022, et anticipe un redressement de ce taux d'épargne fin 2022 à 17,2% au dernier trimestre 2022. Attention, cela ne signifie pas que les Français réussissent à « placer » plus de 17% de leur salaire ou autres ressources chaque mois ! Déjà, il s'agit d'une moyenne cachant des situations bien différentes... Mais, surtout, ce taux d'épargne mesure la part du revenu (1) qui n'est pas utilisée pour des dépenses de consommation.

Le taux d'épargne financière mesure lui plus précisément l'argent mis de côté sur des produits d'épargne et il n'était « que » de 7,7% en 2021, mais cet indicateur est mis à jour moins régulièrement par l'Insee. Le taux d'épargne global ne fait ainsi aucune distinction entre un remboursement de crédit immobilier, un placement sur une assurance vie et un matelas financier conservé sur son compte courant...

Epargne : quelle part de leurs revenus les Français placent-ils chaque mois ?

Comment expliquer ce rebond anticipé du taux d'épargne ? « On atteint les plus bas historiques de la confiance des ménages », rappelle Julien Pouget, lors d'une conférence de presse. « C'est de nature à peser sur la consommation... et donc à avoir une épargne plutôt en hausse ». Il souligne en effet que les revenus d'activité restent plutôt orientés à la hausse, parfois dans des proportions supérieures à l'inflation. Malgré les apparences, malgré la hausse des prix, de nombreux ménages disposent d'une marge financière en fin de mois. Cette tendance, qui s'accompagne d'une confiance en berne, favorise l'épargne. Histoire de prévenir les lendemains qui déchantent.

Epargne : ce pactole record que les Français laissent dormir sur leurs comptes courants

(1) Revenu disponible brut.