La moitié des ménages vivant en France déclarent, en 2018 un patrimoine brut supérieur à 163 100 euros. Selon l'Insee, les inégalités de patrimoine ont augmenté en 20 ans, principalement liée à la forte hausse des prix de l'immobilier.

Combien pesez-vous ? L’Insee se penche ce jeudi, dans son enquête annuelle, sur le patrimoine des ménages. Il en ressort qu’en 2018, sa valeur brute est supérieure à 163 100 euros pour la moitié des ménages et est constitué principalement de biens immobiliers (61%) ou d’actifs financiers (20%).

Concrètement, il s’agit du montant total, avant déduction des éventuels remboursements d’emprunt en cours, des actifs détenus par un ménage : patrimoine financier, immobilier et professionnel, mais aussi les biens durables (voiture, équipement de la maison, etc.), les bijoux, les œuvres d’art et autres objets de valeur. Mais derrière ce chiffre médian, se cache de très grosses disparités.

1,3 million d'euros de patrimoine pour les 10% les plus riches

En effet, les 50% de foyers les mieux dotés en patrimoine concentrent ainsi 92% de la masse totale de patrimoine brut ! Et pour cause, le patrimoine des 10% de ménages les plus riches est en moyenne huit fois plus élevé que celui des autres ménages. Leur patrimoine brut s’élève à 1 279 000 euros en moyenne ! Depuis 20 ans, il a gonflé de 77% en euros constants, c’est-à-dire en tenant compte de la hausse des prix, grâce notamment à la flambée des prix de l’immobilier.

Celle-ci ne profite pas aux ménages les plus modestes dont le patrimoine immobilier « est quasiment inexistant ». Pire encore, « le patrimoine brut moyen des 10% les moins bien dotés en 2018 est inférieur de 58% à celui de leurs homologues de 1998 », selon l’Insee qui constate donc une « répartition du patrimoine plus inégalitaire qu’il y a 20 ans ».

Autre constat : l’âge auquel le patrimoine atteint son maximum augmente depuis 20 ans et est désormais compris entre 70 et 74 ans. « Ce décalage s’explique par deux effets de génération : d’une part, le pouvoir d’achat des retraités a augmenté au fil du temps, leur permettant de conserver leur niveau de vie sans puiser dans leur épargne ; d’autre part les héritages sont plus tardifs du fait de la hausse de l’espérance de vie », souligne l’Insee.

La flambée du patrimoine financier avec le Covid

Cette étude est aussi l'occasion de tirer les premiers enseignements de l'impact de la crise sanitaire sur le patrimoine des ménages. A partir de données des clients du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, qui concordent avec celles exhaustives de la Banque de France, il est possible de tirer quelques enseignements. Il en ressort que le patrimoine financier brut détenu dans cet établissement a fortement augmenté. Pour la moitié de la population la moins bien dotée en patrimoine en 2019, la hausse est limitée en montant, de 800 euros en moyenne. Pour autant, compte tenu de la faiblesse du niveau initial de patrimoine financier brut, cela représente une hausse de 32%.

En revanche, pour les 5% les mieux dotés, les montants d’encours augmentent de 20 100 euros, du fait de la hausse de l’épargne liquide (comptes courants et livrets) et aussi de l’épargne financière (assurance vie, comptes‑titres). « Le patrimoine financier brut augmente cependant seulement de 4% : un patrimoine élevé traduit une longue histoire d’accumulation et il est proportionnellement peu affecté sur une année », indique l'Insee.

Compte courant, Livret A... Votre épargne est-elle bien protégée ?