Le secteur boursier s'est déjà mis en ordre de marche pour l'entrée en vigueur effective du nouveau PEA-PME, jugeant globalement positive cette initiative destinée à réorienter l'épargne vers les petites et moyennes entreprises.

Ce dispositif est en œuvre depuis le 1er janvier, mais le décret nécessaire à sa concrétisation est « en cours de préparation », a-t-on précisé au ministère de l'Économie. Il donne à l'épargnant la possibilité d'acheter, dans la limite de 75.000 euros, des titres de sociétés cotées ou non, directement ou via des professionnels. Les obligations d'entreprises peuvent aussi être intégrées mais uniquement via des fonds.

La loi a fixé trois critères pour les sociétés concernées : moins de 5.000 salariés et un chiffre d'affaires annuel inférieur à 1,5 milliard d'euros ou un total de bilan de 2 milliards d'euros au plus. Sans attendre le décret, les sociétés de gestion ont constitué des fonds de valeurs éligibles à ce produit. « Nous attendions ça depuis environ une dizaine d'années, de pouvoir orienter le flux de capitaux vers un segment de la cote » qui bénéficiait de peu d'investissements « en dépit de performances très bonnes », souligne Sébastien Faijean, directeur associé chez IDMidCaps.

Selon lui, 440 entreprises pourraient en profiter, avec un flux potentiel « de l'ordre de 2 milliards d'euros ». « Dans une optique optimiste », cela pourrait « drainer plus de 5 milliards d'euros » et la moitié avec des « hypothèses plus prudentes », évalue le courtier Gilbert Dupont.

« La place est connectée » et l'impact est déjà visible « avec une accélération des performances des petites capitalisations » depuis janvier et un volume de transactions doublé, observe Cédric Besson, directeur de la Gestion Conseillée chez Oddo Banque Privée.

Fiscalement intéressant

Parmi les bémols, les professionnels regrettent l'absence d'un critère de capitalisation boursière plus accessible et lisible. « Il ne faut pas oublier que le PEA-PME s'adresse aussi au non coté », souligne-t-on à Bercy en précisant que le gouvernement a veillé « à ne pas multiplier les catégories d'entreprises ».

Autre écueil, « des entreprises qui sont une définition parfaite de la valeur moyenne, mais qui, parce qu'elles sont fortement consommatrices de main d'œuvre, se trouvent exclues », explique M. Faijean. A l'inverse, cela « n'exclut pas les capitalisations boursières supérieures à 1 milliard d'euros », relève Gilbert Dupont.

« Dans cet univers hétérogène, les investissements vont sans doute » d'abord « se concentrer sur des sociétés déjà connues » et « de ce point de vue le PEA-PME peut manquer une partie de sa cible en ne bénéficiant pas à tout le monde au départ », juge aussi Cyril Vial, gérant spécialisé sur les petites et moyennes valeurs chez HSBC. Mais « le cercle vertueux » ainsi généré devrait, au final, profiter à tous, selon lui.

Tous y voient par contre « un instrument fiscalement intéressant », comme le relève Vincent de Palma, directeur des propositions clients chez HSBC. « C'est un excellent produit, dont la force est de s'appuyer sur un dispositif qui existe déjà », le PEA, estime aussi Eric Forest, président d'Enternext (Nyse Euronext). Pour M. Palma, ce produit s'adressera néanmoins plus à un « client qui a déjà une expérience du marché action », soucieux d'investir « dans des valeurs plus proches du tissu local ».

L'entrée en Bourse facilitée

Les précisions que doit apporter le décret sont attendues, et notamment le sort réservé aux titres d'une société qui dépasserait les 5.000 salariés après l'insertion dans le PEA-PME.

A ce sujet, Bercy explique que le projet de décret prévoit que « l'appréciation de la catégorie d'entreprises (PME ou ETI) se fait au moment de l'investissement. Cela signifie que si l'entreprise grandit et sort de la catégorie ETI, les actions achetées alors que l'entreprise était une ETI restent comptabilisées comme des actions d'une ETI ; si, alors que l'entreprise n'est plus une ETI, il y a un souhait de réinvestissement, alors ce ne sera pas éligible dans les quotas PME/ETI ».

Le dispositif devrait en outre générer augmentations de capital, acquisitions et entrées en Bourse. Car, d'après M. Vial, « une des façons pour les PME-ETI d'accélérer leur croissance est de procéder à des petites acquisitions », ce qui « jusqu'à présent » était difficilement envisageable. Et, selon M. Besson, « pour un entrepreneur, aller en Bourse est plus facile, grâce à ce dispositif », aujourd'hui, « parce qu'il sait qu'il aura de la demande ».