La présidente de la Commission de régulation de l'énergie, Emmanuelle Wargon, conseille de « souscrire une offre à prix fixe » à la fin du tarif réglementé du gaz au 1er juillet prochain. C'est-à-dire que vous signez un contrat dont le tarif est fixé pour 12, 24 ou 36 mois mais que vous pouvez résilier à tout moment si le prix baisse. Un choix rassurant qui protège aussi des hausses de prix sur les marchés.

Avec la fin du tarif réglementé de vente du gaz (TRV) à compter du 1er juillet 2023, 2,3 millions de clients, principalement chez Engie, vont devoir choisir un nouveau contrat et tenter d'anticiper des évolutions tarifaires encore incertaines.

Interrogée par France Info, il y a quelques semaines, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie, Emmanuelle Wargon, a conseillé de « souscrire une offre à prix fixe. (...) Maintenant, que le gaz est de nouveau à un prix correct, les fournisseurs proposent ou vont proposer des offres à prix fixe. Là, vous signez pour un an, deux ans, trois ans, vous n'avez plus de risque puisque vous savez combien vous paierez ».

La majorité des ménages ont un contrat à prix fixe

Pendant la crise de l'énergie des 18 derniers mois, les offres à prix fixe avaient disparu du marché, car devenues trop chères pour les finances des fournisseurs. Néanmoins, aujourd'hui, plus de la moitié des ménages consommant du gaz ont un contrat à prix fixe, selon les dernières données de la CRE. Pour le particulier, s'il s'agit d'une formule très protectrice, car non soumise aux fluctuations du marché, sera-t-elle pertinente en juillet prochain ?

« Aujourd'hui, le mégawattheure (MWh) de gaz naturel livré en 2024 en France s'échange aux alentours de 50 euros. Ce niveau avait atteint quasiment 300 euros/MWh fin août 2022 pour une livraison en 2023, précise Julien Teddé, cofondateur du courtier Opera Energie. Souscrire une offre de marché à prix fixe permet de figer son budget gaz à un niveau relativement modéré. Et donc de ne pas subir une éventuelle nouvelle hausse lors de l'hiver prochain. »

Evidemment, les prix peuvent toujours baisser : par exemple, le niveau moyen des tarifs réglementés de vente théoriques au 1er juin 2023 est inférieur de 6,9% TTC par rapport au niveau des tarifs gelés depuis le 1er janvier 2023 annonce la CRE. Mais les prix pourraient tout aussi bien s'emballer à nouveau.

Pourquoi votre facture ne baisse pas malgré la chute des prix du gaz

Des prix plus élevés que le tarif réglementé

Selon le comparateur du médiateur de l'énergie, 24 offres pour 15 fournisseurs sont référencées, sans compter les zones gérées par une entreprise locale de distribution, comme Strasbourg, Colmar, Bordeaux ou Grenoble où seule le tarif réglementé s'applique.

Seules 8 offres recensées par le médiateur sont à prix fixe, avec des tarifs annuels compris entre 1 805 et 2 800 euros pour une maison de 120m2 qui consomme 14 000 kWh/an, contre 1 708,66 euros au tarif réglementé d'Engie. Parmi ces offres, il y a celle d'EDF baptisée 'Avantage Gaz', avec un prix bloqué pendant 4 ans. D'autres fournisseurs alternatifs comme TotalEnergies, Dyneff, Ekwateur, Wekiwi ou encore la filiale EDF Sowee proposent aussi des contrats à peix fixes.

Sur le comparateur de l'association UFC-Que Choisir, il existe 16 offres principales de gaz dont sept sont à prix fixe. Là encore, aucune n'est plus avantageuse que celle au tarif réglementé qui se termine au 1er juillet. Ces offres à prix fixes sont jusqu'à 726 euros plus chers.

De manière générale, « si un démarcheur vous propose des mensualités faibles, ne vous y fiez pas, elles sont parfois sous-estimées. Ce qu'il faut regarder, c'est le prix de l'abonnement et du kWh, rappelle Caroline Keller, directrice de la communication du médiateur de l'énergie. Les offres à prix fixe sont généralement plus chères que les offres à prix indexé sur les marchés, mais ce sera un choix gagnant si le prix du gaz sur les marchés remonte. De même, les offres contenant du biogaz (gaz vert) sont généralement un peu plus chère, mais c'est un choix écologique. »

D'autant plus qu'une offre fixe même sur plusieurs années reste sans engagement et est donc résiliable à tout moment, sans frais.

Un prix de référence attendu au tournant

La consommation du ménage peut aussi définir l'offre la plus adaptée, fixe ou variable. Les consommateurs doivent se faire « accompagner par des experts pour faire une analyse de leur consommation actuelle et réfléchir à l'offre la plus intéressante pour eux, pointe Adeline Jubert, responsable énergie chez le courtier Meilleurtaux. Actuellement, il y a des offres très bon marché, mais pas forcément sécurisées dans le temps et d'autres plus élevées, un peu sur le modèle d'Engie, mais avec des prix fixes sur 1 ou 2 ans, ce qui sécurise la facture sur la durée. »

Dans la perspective de la fin du tarif réglementé du gaz dans six semaine, la CRE a mis sur sur pied un prix de référence. Celui-ci évoluera tous les mois pour permettre aux ménages de comparer les offres des fournisseurs de gaz à l'image des contrats Tranquilité 1 an ou Passerelle proposés par Engie à ses clients au tarif réglementé du gaz.

« Le tarif de référence ne protège par le consommateur en tant que tel, car aucun fournisseur n'est obligé de proposer une offre à ce prix, contrairement au tarif réglementé du gaz. Toutefois, il constitue un repère pour le consommateur », précise Lucile Buisson, chargée de mission à l'UFC-Que Choisir. Gros bémol : ce prix de référence qui sera fixé au 1er juin ne concernera pas les offres à prix fixes malgré les appels répétés de l'UFC-Que Choisir ou de la CLCV.

Comparatif des prix de l'énergie