La facture d'électricité va augmenter, au plus tard, en janvier 2023. MoneyVox vous détaille ce que vous déboursez chaque mois et ce qui va changer prochainement.

9 Français sur 10 sont touchés par la hausse des prix affirme l'étude Younited – OpinionWay « Les Français et l'inflation », menée en août 2022. Et pour y faire face, 40% des sondés ont adopté la sobriété vantée par le gouvernement pour abaisser le montant leurs factures d'énergie et faire des économies. Une décision responsable, car la situation est critique. Certains ménages ayant souscrit à une offre d'électricité indexée sur les prix du marché ont été informés de hausses pouvant atteindre 111%.

Pour ceux restés aux tarifs réglementés d'EDF, ou qui souhaitent gratuitement y revenir, le bouclier tarifaire du gouvernement est maintenu jusqu'à la fin de l'année. Mais ses contours vont changer dès le 1er janvier 2023. Après un plafonnement à 4% de hausse des prix de l'électricité en 2022, ils vont augmenter de 15% eu 1er février 2023. Soit une hausse moyenne de la facture mensuelle de 20 euros par mois pour ceux qui se chauffent à l'électricité.

Cette flambée des prix mérite d'être détaillée, car toute la facture n'est pas touchée de la même manière. Grossièrement, elle est découpée en trois parties : le prix du kilowattheure (kWh), le prix de l'abonnement et les taxes.

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Le prix du kilowattheure

Il est l'objet de tous les fantasmes et responsable de tous les maux. C'est son grand frère le mégawattheure qui a vu son prix passer de 85 euros à 1 000 euros entre août 2021 et août 2022 sur les marchés de gros. C'est donc le kilowattheure (kWh), soit une unité de mesure inférieure et plus adaptée aux calculs d'un ménage qui est concerné par les tarifs réglementés de vente appelés aussi TRV ou tarifs bleus. C'est sur son prix qu'intervient l'Etat avec son bouclier tarifaire. Il représente 36% de la facture totale.

Le tarif bleu d'EDF vend le kWh à un prix unique toute la journée, soit 0,1740 euro TTC selon les prix du 1er août 2022 pour un compteur d'une puissance de 6 kVA. Si vous optez pour un contrat heures pleines - heures creuses, le prix du kWh en HP est de 0,1841 euro TTC et celui des HC est de 0,1470 euro TTC.

Via des achats d'électricité sur les marchés, les fournisseurs alternatifs ont tenté de séduire les clients en France. Un exemple : Ohm a recruté en juin sur la base d'un prix du kWh 11% inférieur aux TRV. Mais la situation s'est retournée. avec l'envolée des cours, ses tarifs vont bondir de plus de 80%, par rapport aux TRV, en octobre. Résultat, il conseille à ses clients, comme d'autres fournisseurs, de rejoindre les TRV d'EDF.

Dans le contexte actuel, le tarif réglementé d'EDF est la meilleure protection pour le consommateur, sauf si vous bénéficiez d'un contrat indexé sur les TRV ou d'une offre dite fixe chez un fournisseur alternatif. C'est-à-dire que le prix du kWh est garanti 12, 24 ou 36 mois.

Tarifs bleu EDF
Les tarifs Bleu EDF au 1er août 2022

Le prix de l'abonnement

Après le prix de l'énergie, il y a celui de l'abonnement qui représente 27% du total. Il dépend de la puissance du compteur choisie : 3, 6, 9, 12... KVa. La puissance énergétique détermine la quantité maximale d'électricité que vous pouvez utiliser simultanément. Elle dépend aussi du type de contrat souscrit. Son prix est fixe, contrairement à celui du kWh, quel que soit votre niveau de consommation. Le prix de l'abonnement correspond aux frais d'acheminement de l'électricité qui sont établis par les pouvoirs publics. C'est vore fournisseur qui reversera aux gestionnaires de réseau, les frais collectés.

EDF, par exemple, fait payer l'abonnement en avance, en général de deux mois. Son prix, qui a augmenté de 15 euros en 2020, est de 136,12 euros par an pour un contrat au tarif réglementé avec un compteur d'une puissance de 6 kVA. Si vous vous chauffez à l'électrique, prenez plutôt 9kVA et un abonnement annuel de 170,16 euros TTC par an. Un prix sensiblement identique à celui proposé avec l'offre Tempo.

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L'option HP/HC propose un abonnement annuel à 144,32 euros pour un compteur d'une puissance de 6 kVA et de 183,12 euros pour un compteur de 9kVA.

Même si les frais d'acheminement sont fixés par l'Etat, rien n'empêchent en théorie à un fournisseur de faire payer un abonnement plus cher. L'abonnement « est un élément de concurrence important et je ne crois pas qu'il puisse augmenter de manière significative dans les prochains mois, compte tenu de la situation globale du secteur », explique à MoneyVox Jean-Sébastien Degouve du courtier Opéra énergie. Malgré tout, en août, le fournisseur Mint Energie a envoyé un mail à ses clients bénéficiant d'un contrat à prix fixe (non soumis aux fluctuations du prix du kWh) pour leur annoncer que le prix de leur abonnement serait bientôt plus cher.

Les taxes

En 2021, elles pesaient précisément 37% de la facture totale des consommateurs. Au nombre de quatre, elles ont été au cœur des débats entre les candidats à la présidentielle au printemps dernier. Certains voulaient activer ce levier pour contenir durablement l'envolée des prix. « Le seul levier efficace serait une baisse de la TVA actuellement fixée à 20% sur la consommation et à 5,5% sur l'abonnement », confirmait la CLCV. « On taxe même les taxes environnementales », insistait Antoine Autier, responsable des études à l'UFC-Que Choisir.

Voici le détail :

La Contribution tarifaire d'acheminement (CTA), perçue sur le prix de l'abonnement, finance le régime de retraite spécifique des agents des industries électriques et gazières. Elle est donc touchée par EDF et ses filiales RTE (en charge du réseau) et Enedis (en charge de la distribution), mais aussi par Engie (ex Gaz de France) et par GRDF (Gaz réseau distribution France).

Les Taxes sur la consommation finale d'électricité (TCFE) sont perçues par les communes et les départements. Leur niveau varie selon les politiques publiques mises en place.

La Contribution au service public de l'électricité (CSPE) a augmenté de 12% depuis dix ans, et servait à l'origine à financer les énergies renouvelables. Depuis 2017, elle est reversée directement au budget général de l'État. Elle finance notamment des dispositifs comme le chèque énergie. Son montant s'élève à 22,5 euros HT du MWh depuis 2015.

La Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), enfin, s'applique à hauteur de 5,5% sur l'abonnement (et donc également sur la CTA) et de 20% sur la consommation (et donc aussi sur les TCFE et la CSPE).

Ces taxes ne devraient pas évoluer en 2023 bien que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ait estimé cette semaine que le bouclier tarifaire, version 2023, allait coûter 16 milliards d'euros à l'Etat dont 5 milliards pour l'électricité. Mais pour remplir les caisses, Bercy compte profiter du prix du mégawattheure vendu aux tarifs exorbitants du marché. Grâce au mécanisme de l'Arenh le prix d'achat est limité en France, les finances publiques vont donc taxer les bénéfices des fournisseurs à hauteur de 19 milliards en 2023.