Le secteur du bâtiment a dénoncé mercredi « un effet d'annonce » du gouvernement, après les déclarations du ministre de l'Économie Bruno Le Maire sur un resserrement moindre que prévu du prêt à taux zéro (PTZ), qui ne remédie pas à l'exclusion des zones rurales du dispositif.

Le gouvernement avait annoncé le resserrement du PTZ sur les achats d'appartements neufs en zone tendue - où il est difficile de se loger - ou d'un logement ancien avec travaux en zone non tendue. Par rapport à ce qui était initialement prévu, Bruno Le Maire a annoncé mercredi une augmentation du plafond de la somme maximale à 100 000 euros et des conditions de ressources, ainsi qu'un élargissement du périmètre à 210 communes supplémentaires.

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« Par rapport aux prévisions de base qui étaient d'enlever le prêt à taux zéro sur 93% du territoire, (...) remettre des zones flash sur le territoire, les fameuses 200 communes qui concernent de la réindustrialisation ou des zones touristiques, (...) tant mieux, mais on exclut encore à peu près 90% du territoire », a réagi Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).

150 000 suppressions d'emplois à venir dans le secteur du bâtiment ?

Il a dénoncé « un effet d'annonce, de communication positive qui aujourd'hui n'est pas à la hauteur » de la crise qui touche le logement et le secteur du bâtiment. Ce dernier craint toujours la suppression de 150 000 emplois d'ici 2025, compte tenu des déboires de la construction neuve.

M. Salleron s'est ému par ailleurs du fait que le gouvernement ne prenait pas en compte un amendement « transpartisan » pour le maintien du PTZ « tel qu'il existe aujourd'hui, partout sur le territoire, maisons individuelles comprises », alors que la nouvelle mouture du prêt à taux zéro prévoit en effet l'exclusion de la maison individuelle.

Des députés de différents bords s'opposent en effet aussi au resserrement du PTZ dans une série d'amendements, adoptés en commission, mais le gouvernement n'a pas l'intention de les retenir dans le budget qu'il s'apprête à faire passer avec l'arme constitutionnelle du 49.3.

Concernant l'exclusion de la maison individuelle, le ministère l'a justifiée « par souci de cohérence avec nos objectifs de lutter contre l'artificialisation des sols ». Un argument partiellement recevable pour M. Salleron, qui souligne toutefois qu'il y a « aussi des friches à reconstruire, il y a des zones déjà imperméabilisées qui peuvent être utilisées et tout ça, on exclut ». « Au bas mot, c'est 35 millions de nos concitoyens qui sont exclus de pouvoir contracter un prêt à taux zéro », a-t-il déploré.