Vous aspirez à quitter votre emploi pour vous consacrer à un hobby ? Vous craignez de ne pas toucher une pension suffisante à la retraite ? Vivre sans travailler, cela s’anticipe. Il faut définir vos objectifs, épargner régulièrement et trouver les placements adéquats. Alors devenir rentier, un rêve à votre portée, ou non ?

En France, un quart des salariés seraient totalement démotivés dans leur travail, à en croire le cabinet de recherche américain spécialisé dans les ressources humaines Gallup (1). Mais quitter son emploi pour, par exemple, se consacrer à une passion artistique, culturelle ou sportive n’est pas donné à tout le monde. Et même si vos revenus vous permettent d’épargner, vivre sans travailler nécessite de la préparation, de la rigueur et de l’anticipation.

Définir votre objectif : montant et durée de la rente

Vous devez tout d’abord définir votre revenu mensuel cible. C’est-à-dire ce dont vous aurez besoin pour assumer vos dépenses courantes une fois votre tablier rendu. Cette somme dépend de votre situation personnelle et familiale : si vous vivez seul, si vous avez des enfants à charge, si votre conjoint reste en activité… Le minimum nécessaire dépend aussi de vos autres entrées et sorties d’argent : si vous avez des crédits en cours, si vous pouvez également vous appuyer sur des ressources complémentaires telle une pension de retraite.

Une fois ce revenu cible fixé, vous devez estimer combien de temps vous aller vous retirer du monde professionnel : 5 ans, 10 ans, 20 ans… Logiquement, plus cette période est longue et la somme espérée est importante, plus le capital qu’il vous faudra accumuler est élevé. A mettre dans la balance également, le rendement tiré de votre épargne. Là encore, logiquement, plus le taux de rémunération est important, plus les intérêts accumulés vous permettront de tenir sur la durée. En pratique, le marché du travail est tel qu'il peut être compliqué de reprendre sa vie professionnelle après une longue période d'inactivité. De plus, durant cette période d'inactivité, vous ne cotiserez pas au système de retraite, ce qui une fois que vous liquiderez vos droits aura une répercussion sur votre pension.

Mais quel est concrètement le capital nécessaire pour disposer de revenus réguliers ? Nul besoin, a priori, d’être multimillionnaire. Pour disposer de 1 000 euros par mois pendant plus de 14 ans, vous avez besoin de 150 000 euros placés à 2%. Si vous réussissez à faire fructifier ce capital à 4% par an, vous tiendrez près de 3 ans de plus. En revanche, si vous comptez vous verser 2 000 euros par mois, une épargne préalable bien plus conséquente s'impose. En effet, à ce rythme, même en ayant déniché des produits financiers très rémunérateurs (à 6% par an en moyenne), votre capital sera totalement dilapidé en 7 ans et 8 mois. En fonction de votre âge, cette durée risque donc d’être insuffisante pour vous permettre de vous retirer définitivement des contraintes du travail.

Combien de temps pouvez-vous vivre avec votre épargne ?
CapitalRendement 2%Rendement 4%Rendement 6%
Rente de 1 000 euros souhaitée
100 000 €109 mois
(9 ans et 1 mois)
120 mois
(10 ans)
136 mois
(11 ans et 4 mois)
125 000 €139 mois
(11 ans et 7 mois)
160 mois
(13 ans et 4 mois)
191 mois
(15 ans et 11 mois)
150 000 €172 mois
(14 ans et 4 mois)
205 mois
(17 ans et 1 mois)
266 mois
(22 ans et 2 mois)
Rente de 1 500 euros souhaitée
100 000 €70 mois
(5 ans et 10 mois)
75 mois
(6 ans et 3 mois)
80 mois
(6 ans et 8 mois)
125 000 €89 mois
(7 ans et 5 mois)
97 mois
(8 ans et 1 mois)
106 mois
(8 ans et 10 mois)
150 000 €109 mois
(9 ans et 1 mois)
120 mois
(10 ans)
136 mois
(11 ans et 4 mois)
Rente de 2 000 euros souhaitée
100 000 €52 mois
(4 ans et 4 mois)
54 mois
(4 ans et 6 mois)
57 mois
(4 ans et 9 mois)
125 000 €65 mois
(5 ans et 5 mois)
69 mois
(5 ans et 9 mois)
74 mois
(6 ans et 2 mois)
150 000 €79 mois
(6 ans et 7 mois)
85 mois
(7 ans et 1 mois)
92 mois
(7 ans et 8 mois)
Lecture du tableau : pour consommer en intégralité 100 000 euros de capital placés à 4% nets, vous pouvez retirer 1 000 euros nets de frais et de fiscalité par mois pendant 10 ans

Un raisonnement net d’inflation

Par mesure de simplification, ces chiffres sont à appréhender en euros constants, c’est-à-dire nets d’inflation, de sorte que le pouvoir d’achat de votre rente ne s’étiole pas année après année. Il en va de même pour l'épargne mensuelle qui doit être revalorisée avec l'inflation. Pour ce faire, nous supposons également que vous consommez l’épargne accumulée. Autrement dit, vous ne vous servez pas uniquement des intérêts et des plus-values générés par vos placements pour assurer votre train de vie. Garder votre capital nécessiterait en effet une épargne préalable nettement plus conséquente, se rapprochant du million d’euros. Plus généralement, les calculs présentés ici sont théoriques. Pour être plus rigoureux encore, il faudrait tenir compte des prélèvements fiscaux et sociaux qui s'appliquent sur les plus-values générées.

Se fixer un objectif d’épargne adapté à vos revenus

Accumuler ces fameux 100 000 à 150 000 euros vous semble inatteignable ? En pratique, si vous arrivez à épargner méthodiquement et très régulièrement plusieurs centaines d’euros, cet objectif peut s’avérer accessible. Illustration théorique. En mettant chaque mois quelque 340 euros sur un support à 2%, le capital franchit au bout de 20 ans le cap des 100 000 euros. Pour ce même montant cible, cette phase d’épargne peut être réduite à 15 ans si la rémunération de votre argent atteint 6% par an !

Évidemment, s’arrêter de travailler nécessite d’être en capacité d’épargner. D’après une enquête publiée en décembre 2018 par l’Autorité des marchés financiers, 63% des Français épargnent moins de 200 euros par an, dont 35% moins de 100 euros. En revanche, 1 sondé sur 5 déclare mettre plus de 300 euros de côté chaque mois. Et même 500 euros pour 1 sondé sur 10.

Sans gagner au loto, sans héritage familial et sans capacité d’épargne faramineuse, il paraît compliqué de prévoir son retrait du monde du travail en quelques années. En effet, pour parvenir en 10 ans à mettre 150 000 euros en réserve, vous devez épargner plus de 1 000 euros par mois avec un taux d’intérêt de 4% et même plus de 1 100 euros mensuels si vous arrivez à dégager seulement 2% de rendement annuel.

Combien épargner par mois pour obtenir un capital de 100 000, 125 000 ou 150 000 euros ?
Capital de 100 000 €Rendement 2%Rendement 4%Rendement 6%
10 ans753 €680 €613 €
15 ans477 €408 €347 €
20 ans340 €274 €220 €
Capital de 125 000 €Rendement 2%Rendement 4%Rendement 6%
10 ans942 €850 €766 €
15 ans596 €510 €434 €
20 ans425 €343 €275 €
Capital de 150 000 €Rendement 2%Rendement 4%Rendement 6%
10 ans1 130 €1 020 €919 €
15 ans716 €612 €521 €
20 ans509 €411 €330 €
Lecture du tableau : en plaçant 274 euros par mois à 4% nets, vous obtenez 100 000 euros après 20 ans d'épargne
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Quels supports pour quels rendements ?

Comme évoqué précédemment, plus la rentabilité du capital est élevée, plus vous atteignez rapidement la somme requise pour quitter votre emploi. De même, plus la rémunération est haute, moins l’effort d’épargne devra être conséquent. Toutefois, pas de rendement important sans prise de risque ! C’est pourquoi avant d’opter pour un placement au potentiel de gains alléchant, vous devez vous assurer d’être en mesure d’assumer les pertes financières qui accompagneraient un retournement de marché. Pour éviter de vous retrouver en difficulté, il est nécessaire de diversifier et de segmenter votre patrimoine. Cette diversification est multiple. Elle concerne le degré de risque de vos placements, l’horizon d’investissement, le secteur d’activité ou encore le périmètre géographique de l’actif dans lequel vous investissez.

Dans le contexte monétaire actuel, caractérisé par la très basse rémunération des placements sécurisés et le ralentissement de la croissance économique qui peut à terme se répercuter sur les marchés financiers, placer son argent s’avère compliqué. Quels supports choisir ? Si les performances passées ne préjugent en rien des performances futures, elles restent néanmoins un indicateur à observer pour s’orienter, surtout dans la période actuelle où les épargnants peuvent perdre leurs repères.

Ainsi, sur les 15 dernières années, pour dégager une performance nette d’inflation robuste, proche des 6% évoqués précédemment, il fallait compter sur les actions et les actifs financiers immobiliers, d’après une étude de l’IEIF, un centre de recherche spécialisé dans l’immobilier. En effet, entre 2003 et 2018, le taux de rendement interne (TRI) d’un portefeuille d’actions atteint en moyenne 6,5% (environ 5% net d’inflation). Calculé sur la base des performances annuelles moyennes avec revenus réinvestis, le TRI permet de comparer les performances de différentes familles de placement.

Sur le long terme, à en croire cette étude, les fonds immobiliers non cotés affichent des performances semblables, avec 7% pour les OPCI et même 8% pour les SCPI (respectivement près de 6% et 7% une fois les rendements déflatés). En revanche, l’assurance vie se situe en-deçà avec un TRI moyen de 3,2% et de 2% nets d’inflation. Elle fait ainsi presque jeu égal avec les obligations (3% avant déduction de l’inflation). Cela reste plus intéressant que le Livret A dont la rémunération est figée à 0,75% depuis 2015. Bien sûr, il s’agit de performances moyennes qui fluctuent selon les unités de compte et les fonds euros intégrés à votre assurance vie.

Comparer les produits d'épargne

(1) Gallup, State of the Global Workplace, mai 2019.