Les tarifs réglementés de l'électricité vont augmenter de 5,9% le mois prochain. Résultat, une hausse moyenne de 85 euros par an pour plus de 25 millions de foyers. Les associations de consommateurs montent au créneau.

Un coup dur pour le portefeuille de 25 millions de foyers. Les tarifs réglementés de l'électricité, gelés par le gouvernement cet hiver en pleine crise des Gilets jaunes, vont augmenter en juin, a confirmé hier le directeur financier d’EDF, Xavier Girre. Cette hausse, qui vient compenser l'augmentation des cours sur les marchés de gros, est spectaculaire : +5,9%. Le rattrapage va coûter, en moyenne, 85 euros par an pour les particuliers se chauffant à l’électricité.

La décision reste en travers de la gorge du médiateur de l’Energie Jean Gaubert : « C’est quand même une hausse lourde pour les consommateurs. Elle interviendra l’été quand la consommation d’énergie est plus faible mais il y aura un hiver après l’été et ça va être un peu plus lourd sur les foyers en situation de précarité qui ont les logements les moins bien isolés ». Résultat, la hausse moyenne de 50 euros du chèque-énergie, distribué fin mars à 5,8 millions de bénéficiaires, est insuffisante pour pallier à la revalorisation des tarifs réglementés. Les impayés pour l’électricité, qui ont grimpé de 4,9% en 2018 selon l'Observatoire national de la précarité énergétique, risquent donc encore de progresser cette année.

Dans ce contexte, les associations de consommateurs voient rouge. De concert, la CLCV et l’UFC-Que Choisir vont déposer un recours devant le Conseil d’Etat pour tenter de faire annuler cette décision. Interrogé par franceinfo, le secrétaire général de la CLCV a fustigé « une hausse illégale ». A ses yeux, la moitié est bel et bien liée à l’augmentation des coûts pour EDF mais le reste n’est pas justifié. « C'est simplement que les opérateurs alternatifs ont des problèmes d'accès au nucléaire parce qu'ils deviennent trop nombreux. Comme ils ont des problèmes d'accès au nucléaire, leurs coûts augmentent. Et comme il faut absolument faire vivre la concurrence, il faut absolument que le marché, que la concurrence survive. Alors la Commission de régulation de l'énergie décide d'augmenter le tarif réglementé d'EDF. En d'autres termes, on augmente les tarifs pour faire vivre la concurrence. C'est complètement fou », enrage François Carlier.

Une situation qu’il juge ubuesque puisque contrairement au secteur des télécoms et du gaz, la concurrence fait monter les prix sur le marché de l’électricité : « L'électricité est vraiment une déception parce que finalement c'est très difficile de concurrencer pour l'instant EDF qui est avec sa rente nucléaire. Les [opérateurs] alternatifs ont du mal à survivre et ils se mobilisent surtout pour demander des augmentations de prix ».