Comme c’est le cas depuis 2015, les dépôts à vue drainent de très importantes collectes en 2018. Autrement dit, les Français ne prennent pas nécessairement la peine de placer leur argent, et en conserve une bonne part sur leurs comptes courants.

9,1 milliards d’euros : telle est l’estimation de la « collecte nette » des dépôts à vue et des espèces au 3e trimestre 2018 selon la Banque de France. Une nouvelle collecte conséquente, ce qui porte à près de 34 milliards d’euros les flux positifs sur les comptes courants et sur le « numéraire » (les espèces) sur les 9 premiers mois de 2018. L’encours du numéraire et des dépôts à vue dépasse désormais les 550 milliards d’euros selon la Banque de France, qui a publié cette semaine son étude trimestrielle sur l’épargne des ménages.

Des encours qui ont doublé en 12 ans !

Dans le détail, en écartant les statistiques sur les espèces, l’encours des dépôts à vue grimpe à 447 milliards d’euros à la fin septembre, selon les données mensuelles de la même institution. Les sommes présentes sur les comptes courants des ménages français sont montées en flèche depuis 5 ans : en septembre 2013, l’encours des dépôts à vue n’était « que » de 292 milliards d’euros ! Ces encours étaient par ailleurs de 221 milliards en février 2006 : ils ont doublé en 12 ans !

Cette progression exponentielle « s’explique par l’aversion des Français aux risques », analyse dans sa lettre mensuelle le Cercle de l’épargne, centre d’études animé par l’économiste Philippe Crevel et soutenu par l’assureur AG2R La Mondiale. « Face aux menaces financières, [les Français] ont souhaité accroître leurs liquidités. Par ailleurs, la diminution du rendement des produits de taux les a conduits à renoncer à placer une partie de leurs revenus sur des produits d’épargne. Enfin, l’assujettissement d’une grande partie des revenus de l’épargne, en 2012, au barème de l’impôt sur le revenu a également eu un effet dissuasif », ajoute le Cercle de l’épargne. Ce groupement voit d’un bon œil pour les épargnants l’instauration de la « flat tax » début 2018. Il relève même un léger ralentissement de la progression des flux sur les comptes courants ces derniers mois, par rapport à 2017.