Le Parlement a définitivement adopté jeudi par un ultime vote de l'Assemblée nationale passant outre l'hostilité du Sénat, le projet de budget 2013 prévoyant quelque 20 milliards d'euros de hausses d'impôts et 10 milliards d'économies dans les dépenses.

Les socialistes, écologistes et radicaux de gauche ont voté pour cette première loi de finances du quinquennat Hollande, contre laquelle se sont prononcés la droite et le centre. Le Front de gauche s'est abstenu. Au Sénat, la majorité de gauche avait fait rejeter ce texte de façon iconoclaste, mardi en dernière lecture, afin d'éviter que la droite fasse de l'obstruction et empêche le vote du budget dans les temps impartis par la Constitution.

Ce projet « de combat » mais aussi « de justice », selon la présentation du gouvernement, vise à tenir l'engagement d'un retour du déficit public à 3% du PIB l'an prochain et à appliquer plusieurs promesses de campagne (taxe à 75%, nouvelle tranche d'impôt sur le revenu à 45%...).

Evoquant la perspective d'un recours constitutionnel de la droite contre ce projet de loi, le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac a commencé à répondre par anticipation à de possibles critiques, notamment pour récuser tout caractère « confiscatoire » de la taxe à 75% et de l'ISF.

« Nous avons fait beaucoup de choses sur le plan fiscal qui nous permettent souvent d'élargir l'assiette de l'impôt » et nous ne faisons pas « de l'impôt pour l'impôt mais pour réduire les déficits abyssaux trouvés et pour réduire la dette publique », a affirmé le rapporteur général du Budget Christian Eckert (PS).

Mais « il n'y a pas de justice et les classes moyennes et les entreprises seront lourdement pénalisées par des choix fiscaux parfois absurdes et des dépenses insuffisamment maîtrisées », a lancé Hervé Mariton (UMP), déplorant aussi des « allers retours » sur des choix budgétaires. Et d'ironiser : « La gauche aura réussi ce tour de force de ramener un bouclier fiscal ».

S'il a déploré que « l'austérité imposée à certains de nos partenaires européens soit exportée » notamment en France, Gaby Charroux (Front de gauche) a justifié l'abstention de son groupe par « des avancées significatives comme le traitement de la même manière des revenus du capital et du travail ».