Christine Lagarde officiellement nommée à la tête du FMI depuis mardi, c'est François Baroin qui va lui succéder au ministère de l'Economie. Une transition qui, si l'on en croit la presse du jour, a donné lieu en coulisses à un véritable psychodrame.

Plusieurs journaux rapportent en effet que Nicolas Sarkozy avait, dans un premier temps, proposé le poste à Bruno Le Maire, l'actuel ministre de l'agriculture, également en charge du projet de l'UMP pour l'élection présidentielle de 2012. François Baroin aurait alors forcé la main du chef de l'Etat en menaçant de démissionner du gouvernement, au risque d'ouvrir une crise politique.

« Le Maire a été ulcéré de constater qu'il suffisait d'une crise de nerfs de son ex-ami Baroin pour que les schémas arrêtés par le chef de l'Etat soient jetés au panier », rapporte Charles Jaigu sur le Figaro.fr. « Mardi, dans la soirée, il a du coup refusé le ministère du Budget que lui a proposé François Fillon en lot de consolation (...) ». C'est finalement Valérie Pécresse, venue de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui hérite du poste.

Baroin, un « pur politique »

Le nouveau duo de Bercy est-il compétent ? Dominique Seux pose la question dans Les Echos. Sans toutefois y répondre totalement : « François Baroin est inexpérimenté à l'international et on dit (sans confirmation) que son anglais est hésitant. mais c'est un politique dans un temps politique et Valérie Pécresse a réussi sa réforme des universités. »

Libération, dans son édition de jeudi partage ce point de vue : Baroin « n'a jamais prétendu être un spécialiste des questions économiques. Mais contrairement à Christine Lagarde, il est un pur politique. Un de ces petits fauves à l'instinct précieux pour un Chef d'Etat en campagne. »

L'hommage à Lagarde

La presse tire aussi le bilan de l'action de Christine Lagarde. Si La Tribune.fr met à son crédit quelques réformes, et notamment celle du crédit à la consommation, « seul texte dont elle assume avec fierté la maternité », le site du quotidien économique estime que son « bilan national est mi-figue mi-raisin » et qu'elle a été « servie par l'actualité, et en particulier par la crise bancaire et financière » pour acquérir « une véritable stature internationale » qui lui vaut aujourd'hui de rejoindre le FMI.

Le départ de Christine Lagarde suscite toutefois quelques regrets. Et pas forcément ceux qu'on attendait. Parfois critiquée pour sa bienveillance vis-à-vis des banques françaises, elle reçoit ainsi un hommage appuyé de la part de l'Association française des usagers de banque (AFUB) : « L'Afub exprime les plus grands regrets de voir partir un ministre qui n'a jamais ménagé ses efforts en faveur des usagers et de leur protection. » L'association regrette d'ailleurs que la ministre n'ait pas eu le temps d'aller au bout d'un des chantiers qu'elle avait engagé : la régulation des tarifs bancaires, et espère que son successeur en aura l'ambition.