Voici 25 ans que l'euro est devenu la monnaie légale, en France et dans les 10 autres pays qui l'ont adopté dès 1999. Les habitudes, pourtant, ont la vie dure. Selon notre sondage exclusif, 51% des Français continue parfois à convertir en francs le prix de leurs achats.

L'anniversaire est passé presque totalement inaperçu. Et pourtant, depuis le 1er janvier 2024, cela fait 25 ans, un quart de siècle, que l'euro est devenu la monnaie légale et unique de onze pays, dont la France. Depuis, la zone euro a grossi pour intégrer désormais 20 pays.

Il faut le rappeler, en effet : lorsque les pièces et les billets de la nouvelle devise ont été mis en circulation, le 1er janvier 2002, cela faisait déjà 3 ans, depuis le 1er janvier 1999, que l'euro était de fait notre monnaie, la seule cotée sur le marché des changes, en lieu en place du franc français, du mark allemand, de la lire italienne ou encore de la peseta espagnole. Trois ans, également, que la parité entre le franc et l'euro avait été fixée, précisément, à 6,55957 francs pour un euro.

En 2022, MoneyVox avait consacré un dossier aux 20 ans de l'arrivée des pièces et des billets en euros dans nos portemonnaies. A l'occasion de ces 25 ans, et à quelques mois des élections européennes (prévues le dimanche 9 juin prochain), nous avons demandé à notre partenaire, YouGov France, de vous interroger de nouveau sur les impacts de ce changement pour vous (1). Voici ce qui en ressort.

Oublier le franc ? Impossible pour beaucoup

Certains d'entre nous n'arriveront sans doute jamais à oublier le franc. En 2024, la moitié des personnes interrogées (51% précisément) continuent (toujours, souvent ou parfois) à convertir en francs le prix de leurs achats au moment de payer. Un chiffre qui n'a pas bougé d'un iota depuis la précédente vague de notre enquête, en décembre 2021. Sans surprise, ce chiffre a tendance à augmenter avec l'âge, mais pas de façon linéaire : il est plus élevé chez les 35-44 ans (60%) que chez les plus de 45 ans (57%).

La pratique, évidemment, tient du réflexe. Car plus de 20 ans après, faire la conversion n'a plus beaucoup de sens, tant les prix ont, depuis, augmenté, et les salaires aussi. Ainsi, compte tenu de l'érosion monétaire due à l'inflation, il faudrait aujourd'hui avoir en poche 1 495 francs (soit 228 euros) pour obtenir l'équivalent du pouvoir d'achat de 1 000 francs en 1999 (2).

Relativement stable également, le rapport de force entre les défenseurs et les détracteurs des « pièces rouges ». Vous êtes 39% (contre 41% il y a un peu plus de 2 ans) à rejeter l'idée de supprimer les pièces de 1, 2 ou 5 centimes d'euros, contre 52% (51% en 2022) dans le cas inverse. En clair, le sujet continue à diviser.

L'idée a émergé en France en 2019, mais reste pour l'instant sans lendemains. Ce n'est pas le cas dans des pays comme l'Irlande, les Pays-Bas ou la Belgique, où les pièces d'1 et 2 centimes d'euros ne circulent presque plus, l'arrondi aux 5 centimes les plus proches étant la règle. L'objectif est d'économiser l'argent public. La fabrication et la mise en circulation de ces pièces, en effet, coûtent cher, plus cher que leur valeur faciale : 1,2 centime d'euro, par exemple, pour une pièce valant un centime d'euro. Les défenseurs des pièces rouges, eux, craignent que leur disparition fasse monter les prix, par le biais d'arrondis à la hausse.

Paiement : à quand la suppression des pièces de 1 et 2 centimes d'euro ?

Futurs billets : Simone Veil, les Curie et de Gaulle en pole

L'euro est aujourd'hui une des rares monnaies à ne pas faire figurer de visages de personnalités sur ses billets. Il y a 2 ans, à l'occasion des 20 ans de l'euro fiduciaire, la Banque centrale européenne (BCE) avait ouvert la porte à une telle possibilité, annonçant réfléchir à faire évoluer leur graphisme. Le projet est toujours d'actualité, mais il y a peu de chance qu'il se concrétise par l'affichage de personnalités. En novembre 2023, au terme d'une consultation publique, deux nouveaux thèmes de représentation ont été choisis : la « culture européenne » et les « fleuves et oiseaux ».

Si, malgré tout, le choix était fait de rendre hommage à des personnalités sur les billets, qui, en France, mériterait d'y figurer ? C'est la question que vous a posé notre partenaire YouGov France.

Comme en 2021, Simone Veil arrive en première position, citée par 38% des personnes interrogées, d'une courte tête devant Pierre et Marie Curie (35%) et Charles de Gaulle (32%). Jacques Delors, un père de l'Europe unie, récemment décédé, arrive en 4e position (9%), à égalité avec une autre personnalité socialiste, François Mitterrand.

Les vedettes du sport, de la chanson et du cinéma, en revanche, ne font pas recette. Personnalité préférée des Français, Jean-Jacques Goldman recueille un score relativement faible (3%). Même chose pour la star du football Kylian Mbappé (3%), sans doute jugé un peu jeune pour un tel honneur et toujours dépassé, près de 20 ans après sa retraite sportive, par Zinedine Zidane (4%).

(1) Enquête par YouGov France pour MoneyVox, auprès de 1 011 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France, du 11 au 12 janvier 2024. (2) Source : Insee.