Un béret, une moustache et... une baguette ! Symbole tricolore par excellence, elle est un membre éminent du patrimoine culinaire français. Et depuis le passage à l'euro, la hausse de son prix a servi de justification aux pourfendeurs de la monnaie unique. Voici le deuxième épisode de notre sérié d'été consacrée à l'évolution du prix des biens et services emblématiques.

La question est très sérieuse et chaque année son résultat inquiète l’Observatoire du pain. Non seulement, les Français diminuent leur consommation de baguette, campagne ou complète, mais ils sont de plus en plus nombreux à croire que cet emblème national fait grossir.

Le pain est-il en crise ? Si on se réfère à la dernière étude, en moyenne, chaque Français en consomme 125 grammes par jour, soit exactement une demi-baguette selon le poids réglementaire de l’icône. En 2000, la quantité montait à 160 grammes. Un coupable tout trouvé : l’euro et la hausse des prix qui serait allée avec ? Pas si simple.

Une hausse pas si élevée que ça

En fait, comme le montre le graphique ci-dessous, le prix de la baguette de pain est bien en hausse depuis janvier 2000.

Prix de la baguette au kilo - SMIC horaire

Dans le détail, selon les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques, en janvier 2020 une baguette - de 250 grammes donc - coûte 0,88 euro, soit un prix au kilo de 3,52 euros. 20 ans plus tôt, ce prix était de 0,63 euro, soit 2,53 euros par kilo. Conclusion, la baguette de pain a pris 25 centimes en 20 ans depuis la mise en circulation de la monnaie unique. Une hausse de près de 40%. Sauf que dans le même laps de temps, le SMIC horaire brut est passé de 6,41 euros à 10,15 euros, soit un bond de près de 60%. Au final, le temps de travail au salaire minimum nécessaire pour s'offrir une baguette a ainsi baissé au fil du temps.

Voir le 1er épisode de notre série d'été : 20 ans de hausse vertigineuse des prix pour le paquet de Malboro

Le pain, aliment politique

De tous temps, le pain et son prix ont été un enjeu majeur. L’intransigeance de Turgot, contrôleur général des Finances de Louis XVI, lors de la guerre dite des farines entre avril et mai 1775 a posé les premières pierres de la révolution de juillet 1789. Turgot provoque la colère en libéralisant le commerce du grain en France un an plus tôt. Une décision qui, combinée à de mauvaises conditions météorologiques, a conduit à une pénurie et à une hausse importante des prix. On recense alors dans le nord du Royaume des pillages de dépôts et de boulangeries.

Le prix du pain a ensuite été réglementé à partir de 1792, et ce jusqu'au 1er janvier 1987 avec une ordonnance relative à la liberté des prix et de la concurrence.

Vers une nouvelle hausse du prix du pain ?

Le cours du blé en France est à la hausse cet été, conséquence d'une chute de plus de 20% de la production liée à une météo défavorable sur la partie ouest du pays, à l’automne dernier. Seulement 31 millions de tonnes de blé tendre devraient être récoltées cette année contre 39,7 en 2019, qui était une excellente année. Les consommateurs devront-ils payer plus cher leur baguette dans les prochains mois ? Non, en théorie, car dans un marché mondialisé, la bonne récolte russe devrait compenser la différence, évitant ainsi une hausse sur les prix.