L’IPTV ? Un simple boîtier et un abonnement annuel au coût réduit vous permettent d’accéder à une abondante offre de contenus payants, dont les principaux matchs de football. Très alléchante, l’IPTV est toutefois tout aussi illégale que le streaming pirate sur internet.

Pour regarder un match de Ligue des champions, si vous n'êtes pas abonné aux chaînes payantes, les options légales sont : se rendre dans un bar où le match est diffusé et payer sa consommation, ou se faire inviter chez un abonné. Actuellement, les droits de la ligue des champions sont détenus par RMC Sport, dont l’abonnement (19 euros par mois) permet aussi de regarder le championnat anglais.

L'option illégale a, elle, longtemps été le recours au streaming pirate : alternative gratuite mais risquée, non seulement à cause des sanctions mais aussi à cause des risques de virus informatique. Au total, « 24% des internautes regardent », parfois, « la TV en direct de manière illégale », constate Hadopi dans une étude réalisée par l’Ifop et dévoilée en mai dernier (1). Mais cette étude pointe une très nette évolution de la consommation illicite des programmes TV en direct. Le streaming perdure, certes, tout comme le visionnage d’un flux partagé par un autre internaute sur les réseaux sociaux (sur Youtubelive, Facebook, Périscope…), mais la pratique illégale qui retient le plus l’attention d’Hadopi est l’IPTV : le partage d’un abonnement légal à de nombreux utilisateurs équipés d’un boîtier IPTV. Ce boîtier, dont la détention en elle-même n’est pas interdite, se trouve aisément dans le commerce (30 euros environ) ou sur internet. Et il faut ensuite souscrire à un abonnement annuel, qui lui est frauduleux, pour plusieurs dizaines d’euros selon les offres. Dans son étude, Hadopi estime à 110 euros en moyenne le coût annuel de l’IPTV, contre 228 euros pour RMC Sport, avec à la clé l’accès au football, mais aussi à l’offre d’autres chaînes de streaming payant.

« On estime qu’entre 2,5 et 3 millions de Français ont recours à cette pratique illégale », déclare ce 25 février la secrétaire générale de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), Pauline Blassel, dans Le Parisien. « Cela représente environ 5% des internautes, mais c’est le type de piratage qui progresse le plus. » Selon l’étude d’Hadopi, les adeptes de l’IPTV consomment le plus souvent par ce biais des films, des séries, du sport et des émissions de TV. Ainsi, à la différence du streaming gratuit, l’IPTV permet aux internautes ayant recours à cette pratique de consommer un nombre important de flux réservés à des abonnés payants légaux. Une offre abondante, en haute définition, à un prix défiant toute concurrence…

La consommation de flux payants via l’IPTV est passible de 2 ans de prison et de 30 000 euros d’amende. Le quotidien francilien précise que deux pirates consommateurs d'IPTV ont été jugés pour la première fois en juin dernier en France. Le projet de loi « communication audiovisuelle » et « souveraineté culturelle à l’ère numérique » est actuellement étudié par la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationales. Toujours dans Le Parisien, le député LREM des Alpes-Maritimes Cédric Roussel affirme que cette loi permettra aux détenteurs de droit de « saisir le juge des référés » avec la possibilité, à terme, d’exiger « des fournisseurs d’accès à internet qu’ils coupent les canaux de diffusion en France, même si les plateformes sont installées à l’étranger ».

(1) Enquête en ligne réalisée par l'Ifop pour la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi) auprès des 1 000 internautes issus d'un échantillon représentatif et auprès de 800 consommateurs illicités. Terrain réalisé de novembre 2018 à janvier 2019. Enquête publiée le 23 mai 2019.