Le rapporteur général du budget Jean-René Cazeneuve s'est montré lundi favorable à l'idée d'entamer la réforme des retraites dans les textes budgétaires de cet automne, une hypothèse qui divise le camp présidentiel et hérisse les syndicats.

Aprement débattue depuis plus de trois ans, la réforme « s'impose absolument à nous », a jugé à Paris le député Renaissance du Gers, invité à s'exprimer devant l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).

Puisque le gouvernement ne veut ni creuser davantage la dette publique ni augmenter les impôts, « on ne peut jouer que sur la durée de travail » pour financer le système de retraites, a-t-il estimé.

« A un moment donné, il faut le faire », a insisté Jean-René Cazeneuve, « favorable » à l'inscription de la réforme des retraites dans l'un des trois textes budgétaires en préparation (vraisemblablement le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, PLFSS).

« Il y a eu deux ans de concertation sur la précédente réforme des retraites, et plus la concertation était longue, plus il y avait de gens qui étaient contre. Ceux qui vous disent qu'il faut attendre n'ont quelquefois juste pas le courage » de faire la réforme, a attaqué le parlementaire.

Les syndicats vent debout

En 2019, la précédente tentative de réformer les retraites s'était soldée par des grèves massives qui avaient paralysé les transports.

Le président Emmanuel Macron a promis durant sa campagne de porter l'âge légal de la retraite à 65 ans. L'exécutif n'a pas exclu que la réforme soit adoptée rapidement, via le PLFSS présenté le 26 septembre en Conseil des ministres.

Mais le patron du MoDem François Bayrou, pilier du camp présidentiel, s'est dit samedi « opposé au passage en force » que constituerait selon lui un amendement au PLFSS.

Premier syndicat français, la CFDT a promis dimanche de s'opposer « par tous les moyens » au passage de la réforme des retraites par ce véhicule législatif, « une mesure brutale ».

« Il ne faut pas faire croire que le PLFSS serait un passage en force. Pour avoir siégé longtemps en commission de finances, on passe beaucoup de temps sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale », a réagi lundi sur RMC la ministre déléguée aux PME Olivia Grégoire.

« On aura, je crois dès la fin de semaine, un éclairage » sur la façon dont le gouvernement compte procéder, a-t-elle complété.