Après plusieurs années de taux bas, voire négatifs, le marché obligataire reprend des couleurs. Et tandis que la bourse dévisse, le rendement de certaines obligations est à son plus haut depuis 10 ans. Faut-il y voir une opportunité pour votre épargne ?

La flambée des prix se poursuit. En France, l'inflation a atteint 5,6% sur 1 an au mois de septembre, selon l'Insee. Les hausses sont encore plus marquées en zone euro (10%) et aux Etats-Unis (8,3% en août).

Alors pour mettre au pas l'inflation, les banquiers centraux ont durci le ton. En septembre, la Banque centrale européenne (BCE) a augmenté son taux directeur de 75 points de base, soit la plus forte hausse de son histoire.

Même son de cloche du côté de la Fed. La banque centrale américaine a relevé ses taux de 75 points de base pour la troisième fois consécutive. Son président, Jerome Powell, a déclaré à cette occasion que la Fed était « fermement résolue à ramener l'inflation à 2 %  ».

Ces hausses de taux ont plusieurs impacts, notamment sur le marché obligataire, longtemps délaissé par les épargnants au profit d'actifs plus risqués (et plus rentables), comme les actions ou les cryptomonnaies. Mais la roue tourne. Alors faut-il miser sur les obligations pour protéger votre épargne contre l'inflation ?

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Hausse des taux

Pour commencer, de quoi parle-t-on exactement ? « Une obligation fonctionne comme une reconnaissance de dette », explique Marc Tempelman, cofondateur de la solution d'épargne mobile Cashbee. « C'est-à-dire que lorsque vous achetez une obligation, vous acceptez de prêter de l'argent à l'émetteur, en contrepartie d'une rémunération, qu'on appelle le coupon ».

Et justement, avec la remontée des taux, le montant des coupons repart à la hausse. La France, par exemple, se finance en partie via l'émission d'Obligations Assimilables du Trésor (OAT). Or le taux des OAT à 10 ans affiche une nette remontée depuis le début de l'année. « Ce taux était encore négatif en août 2021 », relève Philippe Crevel, directeur du Cercle des épargnants. Aujourd'hui, il dépasse les 2,7%.

La France n'est pas un cas isolé. La semaine dernière, le taux des obligations américaines à 10 ans a passé le cap des 3,5% pour la première fois depuis 11 ans. Tandis que le taux allemand à même échéance a atteint 1,952%, soit son plus haut niveau depuis 2014.

Le taux des obligations d'entreprises grimpe lui aussi. « En France, les taux des OAT servent de référence. Si ces taux remontent, celui des obligations émises par des entreprises comme LVMH, Orange ou SNCF suivra la même trajectoire », indique Marc Tempelman. Sur papier, les obligations rapportent donc plus d'argent qu'elles ne l'ont fait depuis longtemps. Pour autant, faut-il vous précipiter vers ce type de placement ? Rien n'est moins sûr.

Risque de perte en capital

« Les taux remontent, mais ils restent faibles au regard de l'inflation et on peut s'attendre à de nouvelles hausses au cours des prochains mois », note Philippe Crevel. Or, si les taux augmentent à l'avenir, la valeur liquidative de vos obligations, c'est-à-dire la valeur à laquelle vous pouvez les revendre, risque de diminuer.

Par exemple : si vous achetez une obligation à 100 euros avec un taux fixe de 2,7%, mais que demain les taux passent à 4%, votre obligation ne vaudra plus 100 euros sur le marché secondaire, car elle sera devenue moins intéressante que les nouvelles obligations rémunérées à 4%.

« Si vous avez prévu de conserver votre obligation jusqu'à son terme, cela ne pose pas vraiment de problème. Mais si vous décidez de la revendre plus tôt, vous risquez de perdre une partie de votre capital », prévient Marc Tempelman. La prudence reste donc de mise, car le marché obligataire n'est pas dénué de volatilité.

Selon votre appétence pour le risque, plusieurs choix s'offrent à vous. « Les obligations étatiques sont les plus sûres, mais aussi les moins rentables. A l'inverse, les obligations dites “high yield” sont émises par des entreprises en retournement ou présentant une faible surface financière. Le risque que ces entreprises ne parviennent pas à rembourser leurs dettes est plus élevé, ce qui se traduit par une meilleure rémunération », note Marc Tempelman.

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Fonds obligataires

En tant que particulier, vous pouvez acheter et vendre des OAT en direct sur le marché secondaire. Toutefois, la plupart des investisseurs préfèrent investir en passant par des fonds obligataires, qu'il est possible de loger dans une assurance vie, dans un Plan d'épargne en actions ou dans un Plan d'épargne retraite.

« L'avantage de ces fonds, c'est qu'ils sont accessibles dès quelques dizaines d'euros, et qu'ils vous permettent d'accéder facilement à un portefeuille d'obligations bien diversifié par zone géographique et par type d'émetteur, ce qui limite le risque de défaut », précise Marc Tempelman.

Ce service a un prix. Mais il reste modeste. Selon un rapport de l'Investment Company Institute (ICI), l'association mondiale des fonds réglementés, les frais prélevés par les sociétés de gestion en Europe sur les organismes de placements collectifs (OPC) obligataires représentaient en moyenne 0,73% du montant net des actifs gérés.

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