Pour la toute première fois, les plateformes de crowdfunding ont collecté, en un an, plus de 1 milliard d’euros de fonds. Un chiffre record dû aux versements sous forme de dons mais surtout aux prêts rémunérés.

Après le malaise généré fin 2018 par la faillite d’Unilend, l’un des pionniers du crowdfunding en France, la finance participative a montré en 2020 qu’elle se portait bien. Pour la première fois, les plateformes françaises, qu’elles s’épanouissent dans le don, le prêt ou l’investissement en capital, ont dépassé le milliard d’euros collectés sur une année civile, avec précisément 1,02 milliard d’euros attirés en 2020, contre 629 millions d’euros en 2019, d’après le baromètre 2020 du crowdfunding en France (1).

Il faut dire que, année de crise économique et sanitaire oblige, les plateformes de crowdfunding ont eu du travail. D’ailleurs, de l’aveu même de Mazars et de l’association Financement Participatif France (FPF) à l’origine de ces statistiques, cette forte croissance s’explique notamment par « la multiplication des campagnes de don sans récompense à destination des associations de solidarité ou personnes en difficultés en raison de la Covid-19 ».

En effet, alors que le secteur du don stagnait autour de 80 millions d’euros depuis 2018, il a connu un pic en 2020, avec une collecte annuelle multipliée par 3, à hauteur de 218,5 millions d’euros. « Le contexte de crise sanitaire dans lequel nous nous trouvons a suscité, dès le premier confinement, des élans de générosité et de mobilisation des citoyens via les plateformes de crowdfunding sans précédent, avec des dons de 246 euros en moyenne pour la catégorie don sans récompense (versus 93 euros en 2019) », détaille le communiqué de presse.

Près de 5 millions d’euros sous forme de PGE

En lien également avec la crise sanitaire, les plateformes ayant le statut d’intermédiaire en financement participatif peuvent depuis le printemps dernier distribuer des prêts garantis par l’Etat. 3 plateformes ont ainsi octroyé pour 4,8 millions d’euros de PGE à 94 entreprises en difficultés. Cela reste peu au regard des quelques 130 milliards d’euros de PGE distribués à l’échelle de la France. « En 2020, le financement participatif a une nouvelle fois prouvé, notamment via la distribution du PGE aux TPE/PME, sa crédibilité dans les circuits de financement de l’économie. Il faut ajouter à cela les magnifiques élans de solidarité locaux et nationaux engagés sur les plateformes depuis le mois de mars 2020 », se félicite Jérémie Benmoussa, président de FPF qui fédère 65 plateformes.

La pandémie a donc été un levier puissant de cette collecte record. Toutefois, l’association veut aussi voir dans ces chiffres la preuve que le crowdfunding s’est installé durablement dans le circuit du financement de l’économie et dans la palette de placements des Français. Un chiffre va dans ce sens. Sur ce milliard d’euros, près de 800 millions sont à but d’investissement, sous forme d’obligations (660,9 millions), de prises de participation en capital (57,1 millions), de prêts rémunérés (56,1 millions) ou encore de minibons, ces bons de caisse spécial crowdfunding (18,2 millions).

S’agissant des collectes proposées sur les plateformes de prêt (ou crowdlending), 75% des montants financent le secteur de l’immobilier, soit 555 millions d’euros en 2020. D'après une récente étude réalisée par une plateforme de crowdfunding immobilier, cet investissement, risqué, peut rapporter gros, autour de 9% par an. Parmi les secteurs plébiscités, vient ensuite l’environnement et les énergies renouvelables qui totabilise 96 millions d’euros collectés en 2020 (13%).

Le crowdequity en hausse de 43%

L’investissement en capital, ou crowdequity, reste le plus petit pan de la finance participative. Néanmoins, lui-aussi a vu ses moyens décuplés en 2020, avec 59,2 millions d’euros collectés en capital ou en royalties. C’est 43% de plus qu’en 2019. « C’est le secteur de l’environnement et des énergies renouvelables qui arrive en premier, avec 17,7 millions d’euros collectés, suivi des secteurs des commerces et services, et de la santé et recherche scientifique pour 10,3 millions d’euros chacun », détaille le baromètre 2020 du crowdfunding.

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(1) Ce baromètre se fonde sur les données déclaratives communiquées entre le 11 et le 28 janvier 2021 par les 60 plateformes qui représentent l’essentiel de l’écosystème du financement participatif en termes de volumes traités. Données complétées par les informations publiques de plateformes n’ayant pas répondues à l’enquête.