Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a demandé vendredi aux trois grandes familles de complémentaires santé (mutuelles, assureurs, institution de prévoyance) de limiter les hausses de cotisations pour 2024.

« Les Français ne doivent pas être la variable d'ajustement » des complémentaires santé, a-t-on indiqué au cabinet d'Aurélien Rousseau, après des échanges « francs et nourris » entre le ministre et les trois fédérations de complémentaire santé, la Mutualité Française (fédérant les sociétés à statut mutualiste), France Assureurs (sociétés d'assurance) et du CTIP (institutions paritaires)

Le ministère de la Santé peut « s'expliquer » des hausses « de 5 à 7% », mais pas plus, a indiqué la même source. « C'est aux complémentaires de santé en tant qu'acteurs économiques d'être capables de limiter » les hausses, « il y a des leviers disponibles », a-t-on ajouté.

Entre 8% et 12% ?

Les complémentaires santé, qui remboursent les soins avec l'Assurance maladie, veulent procéder à des hausses de tarifs substantielles pour l'année 2024. Ces hausses sont généralement estimées par les experts à entre 8 et 12%.

La Mutualité française, qui fédère les complémentaires santé de statut mutualiste, publiera une première indication des hausses la semaine prochaine. Vendredi, Florence Lustman, la présidente de France Assureurs a estimé que des hausses étaient nécessaires pour préserver les équilibres économiques des complémentaires, dans un contexte de hausse inexorable des dépenses de santé. En 2021, les complémentaires « arrivaient tout juste à l'équilibre technique », selon les propres chiffres de la Drees (la direction statistique des ministères sociaux), a-t-elle indiqué à l'AFP après la réunion avec Aurélien Rousseau.

« Les dépenses de santé augmentent plus vite que la richesse nationale, et cela s'accélère »

« Depuis, les prestations ont augmenté plus vite que les cotisations », a-t-elle indiqué, évoquant une « augmentation du risque » des Français dans le domaine de la santé. « Les dépenses de santé augmentent plus vite que la richesse nationale, et cela s'accélère », a confirmé Eric Chenut, le président de la Mutualité française. Donc « il faut leur consacrer davantage de ressources », a-t-il dit.

L'Etat, l'Assurance maladie et les complémentaires « ont une responsabilité commune » et doivent travailler ensemble pour investir notamment dans la prévention, a-t-il dit.

De son côté, l'Etat vise en particulier les dépenses de fonctionnement des complémentaires santé, qu'il trouve trop élevées. « Il y a un manque de proactivité ou une incapacité de certains acteurs à réguler les frais de gestion qui nous interroge », a-t-on indiqué dans l'entourage du ministre. Selon la Drees, les complémentaire santé conservent environ 20% de l'argent qu'elles collectent pour assurer leur fonctionnement. Cette part est stable depuis 2015.