La balle est désormais dans le camp du Sénat, dominé par l'opposition de droite, après le rejet dans la nuit par les députés d'un possible retour d'un pass sanitaire aux frontières, article-clé du projet de loi « de veille et de sécurité sanitaire ».

Philippe Bas, rapporteur LR du texte au Sénat, a indiqué mercredi à l'AFP être "à la recherche d'une solution pour conserver un instrument pour traiter ce problème précis et ponctuel des voyages internationaux en provenance de pays où un variant dangereux du Covid aurait émergé". Sont aussi concernés les territoires ultramarins exposés au risque de saturation rapide de leurs structures de santé.

"Il y a un chemin possible", a-t-il estimé, évoquant "un article plus circonscrit" qui pourrait lever "le malaise" apparu à l'Assemblée nationale.

Le projet de loi sera examiné mardi prochain par les sénateurs en commission, avant son arrivée le lendemain dans l'hémicycle du palais du Luxembourg.

Du côté du gouvernement, après le revers enregistré à l'Assemblée nationale, l'heure semble à l'ouverture vis-à-vis de la Haute assemblée.

Le ministre de la Santé, François Braun, s'est dit mercredi "totalement disponible pour bâtir une nouvelle rédaction" au Sénat du pass sanitaire aux frontières.

"Une capacité de réaction rapide"

Supprimé par une coalition des députés d'opposition, de droite comme de gauche (RN, LR, Nupes), cet article-clé du texte prévoyait de laisser à l'exécutif la possibilité de rétablir le pass sanitaire depuis ou vers l'étranger, mais aussi entre l'Hexagone, la Corse et les outre-mer.

"L'intérêt, c'était de nous donner une capacité de réaction rapide à l'émergence d'un variant dangereux (...) Ne plus avoir cette possibilité, c'est à coup sûr perdre du temps", a affirmé M. Braun lors d'une audition devant la commission des Lois du Sénat.

"J'ai un peu l'impression que sans cet article, en cas de résurgence épidémique avec un variant particulièrement embêtant, on nous demande de sauter de l'avion sans parachute en nous disant +ne vous inquiétez pas, on va vous en apporter un très vite avant que vous vous écrasiez au sol+. J'avoue que je préfèrerais sauter de l'avion avec un parachute", a-t-il ajouté.

Le ministre s'est néanmoins dit "totalement disponible pour bâtir une nouvelle rédaction, qui prendrait en compte les différentes remarques, mais qui permettrait de nous laisser au moins un parachute ventral".

Le porte-parole du gouvernement et ancien ministre de la Santé Olivier Véran s'est dit de son côté "confiant dans la possibilité de convaincre les sénateurs qui sont déjà convaincus de l'intérêt d'une telle mesure".

"On a démontré au fil des textes un esprit de responsabilité dans la lutte contre le Covid et un esprit d'adaptation à l'évolution de la situation sanitaire pour que seules des mesures proportionnées soient prises", a rappelé pour sa part Philippe Bas.

"Le régime d'exception tombe le 31 juillet", a-t-il souligné, tout en se prononçant en faveur du maintien d'"un certain nombre de protection, mais vraiment strictement proportionnées".

Interrogé sur le problème de la réintégration des soignants non vaccinés", M. Bas s'est dit "prêt à traiter la question, tout en mettant en avant la nécessité de protéger les personnes âgés et les grands malades contre des risques de contamination".