L'objectif de réduction du déficit public fixé par le gouvernement français en 2016 est « atteignable » mais sa réalisation reste « incertaine », en raison de « risques réels de dépassement des prévisions de dépenses », estime la Cour des comptes dans son rapport annuel publié mercredi.

La prévision du gouvernement, qui s'est engagé à ramener le déficit à 3,3% du produit intérieur brut (PIB) cette année après 3,8% en 2015, « n'est pas hors d'atteinte », concède la haute juridiction, qui évoque « un scénario macroéconomique dans l'ensemble atteignable ». Mais « sa réalisation est incertaine car elle repose sur une prévision de croissance des recettes qui pourrait être surévaluée de 0,1 à 0,2 point de PIB et sur un objectif d'évolution des dépenses en valeur qui pourrait se révéler difficile à atteindre », ajoute-t-elle.

Les magistrats de la rue Cambon considèrent ainsi la prévision de recettes du projet de loi de finances comme sans doute « un peu élevée » en matière d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux.

« Sous-budgétisation chronique de certaines dépenses »

Côté dépenses, ils pointent des risques du côté de l'Etat, « du fait de la sous-budgétisation chronique de certaines dépenses », mais aussi des administrations de sécurité sociale, liés à « la surestimation des économies attendues en 2016 de la nouvelle convention d'assurance chômage », et des collectivités locales.

Pour ces dernières, le gouvernement prévoit des dépenses en hausse modérée (+1,2%), après une baisse de 0,6% en 2015. « Même si ces évolutions sont plausibles, on ne peut pas exclure que face à la baisse des concours de l'Etat (...) certaines collectivités fassent le choix d'un recours accru à l'endettement », redoute la Cour.

Des mesures annoncées récemment

Pour ces différentes raisons, « le respect de l'objectif de dépenses sera difficile », jugent les Sages, qui rappellent que plusieurs dépenses non encore compensées ont été annoncées, notamment dans le cadre du « pacte pour l'emploi », pour lequel François Hollande a évoqué une enveloppe de deux milliards d'euros.