La Banque centrale européenne (BCE) a publié jeudi pour la première fois un compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire, mettant en lumière les divisions au sein de ses membres concernant son programme de rachats massifs d'actifs.

Ce document d'une vingtaine de pages rend compte en détail - mais de manière complètement anonyme - des discussions au sein du conseil lors de sa réunion du 22 janvier, au cours de laquelle l'institution avait décidé de lancer un vaste programme de rachats massifs d'actifs, notamment de dette publique, pour lutter contre le risque de déflation en zone euro.

Il apparaît que les membres du conseil de la BCE (les 19 gouverneurs des banques centrales de la zone et les six membres du directoire de la BCE) ont été unanimes quant à la légalité de ces achats, jugeant qu'un tel programme constituait un outil monétaire à part entière. Certains participants ont toutefois exprimé leur scepticisme concernant cet outil, jugeant que des achats de dette publique ne devaient « être utilisés qu'en dernier recours dans le cas d'un scénario extrêmement négatif », souligne la BCE dans son compte-rendu.

« De l'avis de certains participants, il est apparu qu'il n'y avait pas de besoin urgent d'une nouvelle action monétaire lors de cette réunion », est-il ajouté. L'Allemand Jens Weidmann notamment a reconnu depuis avoir fait partie de ceux qui auraient préféré attendre. Mais « en prenant en compte les vues évoquées par les membres du conseil des gouverneurs, le président a conclu qu'une large majorité des membres votants était favorable au lancement d'un programme élargi d'achats d'actifs », ajoute le protocole de la réunion.

Menace de déflation

La menace de déflation, alimentée par la baisse des prix du pétrole, a incité la BCE, pour qui l'inflation idéale se situe juste en dessous de 2%, à lancer ces achats massifs. A raison de 60 milliards d'euros par mois, ils doivent commencer en mars et ce jusqu'à septembre 2016, avait annoncé le mois dernier le président de l'institution Mario Draghi.

Le compte-rendu révèle que l'économiste en chef de la BCE Peter Praet avait initialement proposé un assouplissement quantitatif au rythme de 50 milliards d'euros par mois, le conseil ayant finalement opté pour 60 milliards, « afin d'en accélérer l'impact ».

La BCE a décidé au mois de décembre de publier à partir de ce mois-ci un compte-rendu de chacune de ses réunions, alignant ainsi sa communication sur celle de la Réserve fédérale américaine qui publie de longue date ses « minutes ». « L'objectif est de montrer la logique derrière les décisions de politique monétaire et de permettre aux membres du public d'améliorer leur compréhension de l'évaluation du conseil des gouverneurs sur l'économie et de sa politique », avait alors expliqué l'institution.