Deux nouveaux types de contrats d’assurance-vie ont vu le jour en 2014 : l’euro-croissance et vie-génération. Dans les deux cas, il manque encore des textes réglementaires pour encadrer leur fonctionnement. L’assureur Allianz a pourtant pris le parti de lancer un premier contrat vie-génération dès le mois de juillet. Alain Burtin, directeur marchés, intelligence clients et services d'Allianz France nous explique pourquoi, et évalue le potentiel de ce produit destiné à un public aisé dans une optique de transmission de patrimoine.

Comment pouvez-vous lancer un contrat vie-génération alors que les décrets d’application n’ont pas encore été publiés ?

« La loi créant ces contrats, parue en fin d’année 2013, était le pendant d’un durcissement de la fiscalité des transmissions en cas de décès. Cet alourdissement s’applique depuis juillet 2014. En contrepartie, la loi a prévu des contrats, appelés vie-génération, qui permettent une fiscalité moindre en cas d’investissement sur certains supports (PME, ETI, logement social et intermédiaire, économie sociale et solidaire, NDLR) à hauteur de 33%. Cette même loi était explicite au niveau des supports pouvant être admis. Certes il manque des décrets pour le logement social et l’économie sociale et solidaire. Mais pour les PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), le texte attendu précise surtout la façon de calculer les seuils d’activité et de bilan. Il devrait être similaire au décret paru en mars dernier, qui a permis le lancement du PEA-PME. Il est en effet évident que les fonds PME pouvant être investis dans le cadre du contrat vie-génération seront les mêmes que ceux éligibles au PEA-PME. »

Alors pourquoi vos concurrents ne prennent-ils pas le risque de lancer, comme vous, leur contrat sans attendre les décrets ?

« Il faudrait leur poser la question. Je pense qu’ils n’ont pas eu la même analyse que nous. Aujourd’hui, il serait risqué d’anticiper le contenu des décrets au niveau du logement social et de l’économie sociale et solidaire. En revanche, sur la partie PME, il n’y a pas de risque. Surtout, nous avons considéré que l’intérêt des assurés est de pouvoir bénéficier de ce support dès le durcissement de la fiscalité, voilà pourquoi nous avons lancé ce contrat dès le mois de juillet. »

Pour quand attendez-vous les décrets d’application ?

« Nous les attendions pour cet été… Donc je pense que cela ne devrait pas tarder. »

Plus d’un mois après le lancement de votre contrat, avez-vous déjà des souscripteurs ?

« Nous avons des souscriptions. Mais ce contrat est particulier. Il ne se vend pas sans un conseil approprié : le client doit être conscient qu’il s’agit d’un contrat 100% en unités de compte, dont une partie investie dans des PME. »

Est-il possible de connaître le nombre exact de souscriptions ainsi que votre objectif chiffré à plus ou moins long terme ?

« Nous avons eu quelques souscriptions, dès juillet. Pas plusieurs dizaines. En revanche, il s’agit de contrats aux montants significatifs. Les premiers clients sont des assurés Allianz qui veulent sécuriser leur épargne en cas de décès. Nous avons d’autres dossiers en cours de discussion. A l’avenir, j’espère que les contrats vie-génération représenteront 5% à 10% environ de la collecte d’Allianz en termes d’assurance-vie. »

Comment espérez-vous attirer les souscripteurs, le contrat vie-génération étant pour l’heure peu médiatisé ?

« Je pense que l’on n’en a pas assez parlé. Beaucoup de professionnels ont estimé que proposer un contrat 100% en unités de compte à des fins de transmission était antinomique. C’est un écueil. Pour nous, ce n’est pas un problème si, en parallèle de la souscription, il y a une garantie viagère en cas de décès. Cette option, disponible dans nos contrats (1), permet de garantir l’épargne apportée, en cas de décès. »

Evoquant ces nouveaux contrats, le PDG de Legal & General nous expliquait fin 2013 qu’il estimait difficile de les conseiller à ses clients…

« La gestion profilée et la garantie viagère permettent de mieux gérer le risque lié aux 33% de diversification. En contrepartie de ce risque, la diversification offre aussi un certain potentiel : les actifs de PME sont certes risqués mais potentiellement très rentables. »

Dans le communiqué de lancement, vous évoquez la possiblité de garantir à hauteur de 90% le capital versé, en cas de décès. Pourquoi avoir choisi cette proportion ?

« Nous avons admis, dans la simulation évoquée, que l’assuré accepte une perte de 10%. Cela permet que la garantie viagère ne soit pas trop onéreuse par rapport à l’épargne investie. Pour faire simple, en fixant ce seuil à 90%, nous avons des frais de garantie qui sont inférieurs à 1% avant 70 ans. Si le taux de garantie est fixé à 100%, les frais deviennent bien plus élevés. Nous conseillons donc plutôt du 90%. Prenons un exemple : quelqu’un nous verse un million d’euros. Si les unités de compte ont gagné de la valeur au moment du décès de l’assuré, les bénéficiaires peuvent par exemple toucher 1,2 million d’euros. En revanche, en cas de perte, si la valeur du contrat tombe à 500.000 euros, les bénéficiaires touchent 900.000 euros, soit 90% du capital versé. »

Quel public visez-vous avec ce contrat ? Et par quel biais le vendre ? Des conseillers en gestion de patrimoine ?

« Ce contrat vise une clientèle ayant une certaine épargne et ayant une problématique de transmission de patrimoine, soit actuelle soit future. Les canaux de distribution sont donc en effet les conseillers en gestion de patrimoine mais aussi nos agents généraux et conseillers Allianz. »

(1) Le client peut opter pour cette garantie complémentaire en cas de décès au moment de l'adhésion.