La possibilité de voir la Banque centrale européenne (BCE) agir début juin à la suite d'une inflation basse persistante en zone euro « a considérablement augmenté », a déclaré lundi l'un de ses directeurs, Yves Mersch.

« La probabilité que le conseil des gouverneurs agisse dès sa prochaine réunion de politique monétaire [le 5 juin prochain] a considérablement augmenté », a jugé Yves Mersch, dans un discours prononcé lors d'une conférence de la banque BayernLB à Munich (sud), et communiqué par la BCE. La BCE ne voit toujours pas de signe qu'un scénario déflationniste se matérialise en zone euro, a-t-il répété, soulignant « que les perspectives d'inflation (étaient) solidement ancrées » et qu'« il n'y (avait) pas de signe d'un report des décisions d'achat des consommateurs », qui au contraire affichent « un moral au plus haut en sept ans ».

« Cependant, nous devons tout au moins être préparés au risque résiduel de déflation », a ajouté le Luxembourgeois. « Une phase trop longue d'inflation très basse ne nous laisse pas froids » car elle risque de faire chuter les attentes d'inflation, selon lui. Et cela en retour augmente les probabilité de déflation. La semaine dernière, le chef économiste de la BCE Peter Praet avait également déclaré que la BCE ne pouvait pas laisser l'inflation trop basse trop longtemps.

L'inflation plus basse qu'attendue

La hausse des prix en zone euro a été de 0,7% en avril sur un an, après +0,5% en mars. Soit loin de l'objectif de la BCE de la maintenir proche de 2%. Pour l'instant, l'institution monétaire de Francfort table sur une accélération progressive, et prévoit que l'inflation atteigne 1,6% en 2016. Mais depuis le début de l'année l'inflation « a été plutôt plus basse qu'attendu », avait souligné M. Praet. Face à ce danger, la BCE est prête à dégainer une mesure ou une « combinaison de mesures », avait-il ajouté, citant la possibilité d'accorder un nouveau prêt à très long terme aux banques pour encourager le crédit de baisser ses taux.

Son taux directeur, auquel les banques se refinancent auprès d'elle, est, avec 0,25% depuis novembre, à son plus bas niveau historique. Son taux de dépôt pourrait, lui, passer en territoire négatif, ce qui serait une première. Ce taux, auquel la BCE rémunère les liquidités placées par les banques auprès d'elle pour 24 heures, stationne à 0% depuis juillet 2012. Une telle mesure, outre qu'elle pourrait pousser les banques à prêter davantage, aiderait aussi à faire baisser le niveau de l'euro. Avec un euro plus faible, le prix des importations augmenterait et tirerait l'inflation à la hausse.

Début mai, le président de la BCE Mario Draghi avait déclaré que le conseil des gouverneurs était « à l'aise pour agir la prochaine fois » mais qu'il attendait de voir les nouvelles projections économiques de ses services, qui seront publiées en juin.