Les impôts sur la fortune, sur les sociétés et sur le revenu apparaissent comme les plus justes pour les Français selon un sondage Ipsos/CGI pour Le Monde, BFMTV et la Fondation internationale de finances publiques publié hier. L’ISF est même l’unique impôt que les sondés perçoivent majoritairement comme « tout à fait justifié ». Le classement.

L’institut Ipsos a réalisé début octobre à la demande de trois média une étude (1) sur la perception de la politique fiscale en France. Les sondés considèrent à 57% l’impôt comme un acte citoyen. Ils acceptent un haut niveau d’imposition si celui-ci est synonyme de service public significatif (38%), d’un haut niveau de protection sociale (34%) ou de réduction du déficit public (30%). Cependant, 72% des personnes interrogées jugent excessif le montant actuel de l’imposition.

L’ISF plébiscité, les droits de succession critiqués

Les Français ne remettent donc pas en cause la fiscalité en elle-même mais son importance, et sa forme. Ainsi, quand Ipsos demande pour une série de taxes ou prélèvements s’ils sont justifiés ou non, seul l’impôt sur la fortune fait l’unanimité. 56% des sondés le jugent « tout à fait justifié », ce qui en fait l’unique contribution sur laquelle une majorité de Français porteraient un regard très favorable. En comptant les sondés ayant répondu « plutôt justifié », l’ISF s’attire même 83% de bonnes opinions.

L’institut a cité en tout douze taxes et prélèvements aux sondés, ce qui permet d’établir un classement. L’ISF y devance l’impôt sur les sociétés (justifié à 77%), l’impôt sur le revenu (76%) et les taxes sur l’alcool et le tabac (74%). Suivent trois impôts que les Français semblent accepter mais qui suscitent moins l’adhésion. Ainsi la taxe d’habitation (justifiée à 59%), la taxe foncière (59%) et la TVA (58%) n’atteignent pas 10% de « tout à fait justifié ».

Les cinq derniers impôts pâtissent d’une image clairement plus négative. La taxe sur les produits pétroliers apparaît comme injustifiée à 56%, la CSG et les droits de mutation sur les achats immobiliers à 62%, la contribution à l’audiovisuel public à 69% et les droits de succession à 80%. Les deux derniers de la classe sont même jugés très sévèrement puisque 31% des sondés estiment que l’ex-redevance audiovisuelle est « tout à fait injustifiée », les droits de succession obtenant la palme de l’opinion très négative (38%).

Deux tiers des Français favorables au prélèvement à la source

Pourquoi ces impôts ont-ils une si mauvaise image ? Le sondage ne le dit pas. Une idée forte émarge tout de même de l'étude : l’inégalité face à l’impôt. A 74%, les Français auraient le sentiment de contribuer plus qu’ils ne bénéficient du système. Et seulement 16% des sondés estiment que le gouvernement demande des efforts à l’ensemble des Français, 73% des personnes interrogées jugeant en revanche qu’il réclame surtout des efforts aux classes moyennes.

La solution ? 66% des sondés se déclarent favorables à une instauration du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, directement sur la fiche de paie.

(1) Enquête réalisée du 7 au 10 octobre 2013 auprès de 967 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à la demande du Monde, de BFMTV et de La Revue française de finances publiques.