Arnaud Montebourg est monté d'un cran jeudi face à Mittal en menaçant à mots couverts de nationaliser, au moins temporairement, le site sidérurgique de Florange afin de lui trouver un repreneur, après s'être livré à une violente charge contre l'homme d'affaires indien.

Mercredi, le ministre du Redressement productif avait annoncé que le gouvernement avait reçu « deux offres et marques d'intérêts » pour le site, mais dans un « périmètre plus large que celui octroyé par Mittal » et demandait à ce dernier d'aller plus loin. Il réclamait à Mittal d'inclure dans la cession non seulement la filière liquide, qu'ArcelorMittal souhaite fermer, mais également les autres installations, notamment de traitement et finition de l'acier, dont le groupe ne souhaite pas se séparer.

Jeudi, il est allé plus loin : « L'éventualité d'un contrôle public, même temporaire doit faire l'objet d'une étude sérieuse par le gouvernement, et c'est (...) ce à quoi nous nous sommes attelés depuis plusieurs mois », a déclaré M. Montebourg en réponse à une question du sénateur socialiste Jean-Marc Todeschini.

Ce « contrôle public temporaire » fait écho à la nationalisation demandée par un certain nombre de responsables politiques et syndicaux, et jusqu'ici exclue par le gouvernement. Dans cette hypothèse, qui « doit faire l'objet d'une étude », s'attache-t-on à rappeler dans son entourage, il ne s'agirait que de reprendre la main pour ajuster le périmètre et le vendre, in fine, à un tiers.

« Nous avons des sites (industriels) qui sont à vendre, parfois pour une bouchée de pain, et qui ne trouvent pas de repreneur. S'agissant de Florange, il y a une multitude de marques d'intérêts, mais pas dans le bon périmètre », explique-t-on pour justifier ce scénario.

Mittal mis en cause

Les syndicalistes interrogés par l'AFP se montraient sceptiques après ces déclarations. « Le poids des mots est important, mais à une semaine de l'ultimatum, on attend autre chose de Montebourg que des mots, on attend une position radicale », a réagi Yves Fabbri, délégué CGT. « Prise de capital, réquisition, de quoi parle-t-on ? Les propos du ministre ne sont pas clairs. Donc nous restons prudents, et craignons que le 1er décembre on ne se retrouve autour d'une table pour discuter d'un plan de sauvegarde de l'emploi », ajoute le syndicaliste.

Pour François Pagano de la CFE-CGC, « on ne sait pas trop quel rôle joue chacun entre le gouvernement et Mittal, ils font de l'intox ». « S'il y a une nationalisation qui sauve la phase liquide, tant mieux, mais l'Etat devra alors trouver des débouchés à ses produits, des clients, à qui vendrait-il ses brames ? », s'interroge le délégué syndical à propos de ces grosses plaques d'acier.

Dans son intervention, le ministre a lancé des attaques contre Mittal, évoquant tour à tour la « défaillance » dans sa gestion, le manquement à ses engagements lors de la prise de contrôle d'Arcelor en 2006 et sa « dette fiscale ». « Finalement, le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n'est pas la défaillance des hauts fourneaux de Florange, c'est la défaillance de Mittal », a tonné M. Montebourg

« Tous les engagements, que j'ai fait exhumer par les services, à l'époque de l'OPA hostile vis-à-vis de la France pris par Mittal n'ont jamais été respectés », a-t-il poursuivi. « Mittal aujourd'hui est redevable aux yeux de l'administration fiscale française d'une dette fiscale que nous considérons comme astronomique », a-t-il continué, insistant de plus sur « l'usage immodéré » qu'aurait fait Mittal « des quotas de CO2 » et d'un certain nombre d'aides publiques.

Interrogé, ArcelorMittal n'a pas souhaité faire de commentaire sur le « contrôle public » et réservait sa réponse sur la mise en cause fiscale.